Une génération à ne pas perdre
Durant le mois de juin, la ville vivra au rythme d’un débat engagé avec sa jeunesse.
Manifestations et initiatives diverses ponctueront ce rendez-vous voulu par la municipalité suite aux événements de l’automne dernier. Premiers débats en attendant.
Ah, les jeunes ! » Faut-il le dire sur le ton de la crainte, de l’espoir, ou bien dans un soupir d’exaspération ?
Rarement, en tous les cas, une génération aura suscité autant d’inquiétudes. Quant à sa façon de vivre, à la fois consumériste, atone et tendue.
Quant à son avenir, avec pour horizon une précarité qui menace. Qui sont les 15-25 ans, d’aujourd’hui ? Que veulent-ils ? Sur quoi peuvent-ils compter ?
Il y a deux ans, le Conseil régional envoyait un questionnaire à tous les Franciliens de cette tranche d’âge pour cerner leurs aspirations.
Cette enquête avait mis en relief, au-delà de la vitalité et de l’insouciance propre à la jeunesse, une forme d’anxiété face au monde qui dépassait de beaucoup les simples incertitudes de l’adolescence.
Le regard des adultes
Génération Star’Ac ? Eblouie par le reflet des paillettes, comme un lapin par les phares d’une voiture... et tout aussi sûre de finir sous les roues, avec une sauce CPE pour accommoder le civet !
Peut-être vaut-il mieux en finir avec des généralisations comme toujours abusives. Finalement, une partie du problème n’est-il pas dans le regard porté par les adultes ?
La querelle des Anciens et des Modernes, une fois de plus remise sur le tapis.
Toute génération qui arrive doit jouer des coudes, celle en place n’ayant pas envie de passer la main.
Les aînés accusent facilement les nouveaux venus, d’ignorance, de violence, d’insolence ou d’indolence, pour les disqualifier. _ Déjà, dans la Grèce Antique, Platon se désespérait de la médiocrité de la jeunesse !
Pourtant, la Terre a continué à tourner...
Le jeune qui fait peur
A Aubervilliers, stigmatisation supplémentaire, ils sont de la Seine-Saint-Denis. Si divers mais pourtant rabaissés, dans l’imaginaire de notre société, au même rôle de bouc émissaire.
Le jeune qui fait peur vient de là, du 9-3. Comme si les 6 500 collégiens et lycéens d’une ville comme celle-ci n’avaient pas droit à des destins individuels, agglomérés qu’ils sont dans un opprobre qui les rejette à la lisière, quels que soient les qualités des uns et les défauts des autres.
Du mauvais côté du périph’, si près, si loin !
L’incendie de l’automne a brûlé quelques non-dits. Oui, la France a un problème avec sa jeunesse.
Et plus encore, pour peu qu’elle soit de banlieue et n’ait pas le sang-bleu.
Malgré tout, une issue se dessinera peut-être. Sur la dernière décennie, le nombre de jeunes Albertivillariens qui a poussé ses études au-delà de 24 ans a quadruplé.
En évitant les écueils du CPE et du CNE, on souhaite qu’ils aient leur chance...
Pour ceux qui se sont arrêtés plus tôt dans leur parcours scolaire, la route sera parsemée d’encore plus d’embûches. _ Les dernières mesures gouvernementales supposément prises en réponse aux événements de novembre risquent bien d’aggraver leur précarité.
L’intention, à peine dissimulée, d’en finir avec le collège unique, l’apprentissage à 14 ans, le retour du travail de nuit pour les mineurs sous contrat : le chemin a été pris à contresens !
Accroître les efforts en matière de formation professionnelle, c’est sans doute nécessaire, mais à condition de valoriser réellement cette voie, pas en rendant corvéables à merci ceux qui vont arriver sur le marché du travail !
Aubervilliers, malgré une longue tradition en matière de politique de la jeunesse avec plus d’outils dédiés à son bien-être et à son insertion (Omja, Mission locale, Aubervacances-Loisirs, opération Tonus, Villes des musiques du monde, etc.) que la moyenne des villes de même taille, est, aujourd’hui, confrontée aux mêmes problèmes qu’ailleurs.
Avec une forte crue du chômage des jeunes et une réelle montée des prédations et des déprédations.
Deux phénomènes qui s’entretiennent et qu’il convient d’endiguer pour ne pas perdre cette génération.
Jusqu’en juin, et pour contribuer aux échanges qui se préparent à l’initiative du maire, Pascal Beaudet, et de la municipalité, Aubermensuel va ouvrir ses colonnes à ces 15-25 ans.
Actualité oblige, pour ces premières paroles, c’est la question de l’emploi qui fait débat.
Frédéric Medeiros
Le 1er mars 2006
Vendredi 17 mars, France Inter ouvre ses micros toute la journée aux jeunes de la Seine-Saint-Denis.
Une initiative menée en collaboration avec Fondation 93.