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Un Albertivillarien aux Oscars et aux Césars

Film sensible tourné à hauteur d’homme, film actuel et questionnant, Timbuktu, Le Chagrin des Oiseaux, long métrage réalisé par Abderrahmane Sissako sera en compétition pour la 40e cérémonie des Césars le 20 février et pour la 87ème cérémonie des Oscars le 22 février. Parmi les rôles principaux, un enfant d’Auber : le comédien Abel Jafri.

Film sensible tourné à hauteur d’homme, film actuel et questionnant, Timbuktu, Le Chagrin des Oiseaux, long métrage réalisé par Abderrahmane Sissako sera en compétition pour la 40e cérémonie des Césars le 20 février et pour la 87ème cérémonie des Oscars le 22 février. Parmi les rôles principaux, un enfant d’Auber : le comédien Abel Jafri.

Quel rôle jouez-vous dans ce film
d’Abderrahmane Sissako ?

Le Chagrin des Oiseaux raconte une
histoire d’amour sur fond de manipulation
jihadiste. Ce film touche donc à un
sujet extrêmement sensible et mon rôle
particulièrement – je joue le personnage
d’Abdel Krim, le chef du groupe islamiste
– a demandé une préparation particulière.
Je suis entré en contact avec des hommes
qui sont dans ces réseaux, j’ai pu les interroger
pour mieux comprendre comment
un homme peut basculer vers l’extrémisme.
Mon interprétation ne devait pas tomber
dans les travers et les clichés habituels. La
réalité est plus complexe : la peur des représailles,
l’attrait de l’argent proposé par
ces réseaux et un profond sentiment d’injustice
animent souvent ces hommes.

Quelles ont été les conditions du
tournage ?

Nous avons tourné deux mois, jusqu’en
janvier, en plein désert à l’est de la Mauritanie,
notamment à Oualata, un village
à trois jours de piste de la moindre ville…
C’est une zone rouge du Sahel : le tournage
s’est déroulé sous protection militaire.
Cela a parfois été rocambolesque.
On se levait à 6 h du matin pour des questions
de température, on passait souvent
plusieurs jours sans eau
courante…
J’en garderai
surtout des souvenirs
magiques : notre caravane
d’une quinzaine de
4x4 à chaque déplacement,
les levers de soleil
sur les dunes, les tournois
de foot que j’organisais
avec les gamins
pendant les pauses...

Vous avez donc aussi
joué les éducateurs de
rue dans le désert !

Oui, un peu comme ceux
que j’ai croisés rue des Cités où j’ai longtemps habité et où vit
toujours ma mère. Ces éducateurs m’ont
fait pratiquer du sport et des loisirs, et notamment
le théâtre d’improvisation, dans
les années 80.
Car je suis venu au cinéma
par le théâtre ! J’ai même été l’un des premiers
directeurs des Laboratoires d’Aubervilliers,
sous la municipalité de Jack
Ralite.
Aujourd’hui, dès que je le peux, je
réponds à toutes les invitations et j’assiste
aux différents événements qui animent
Aubervilliers. J’interviens également dans
des écoles.
C’est pour moi une manière
de rester en contact direct et physique avec
cette ville et cette banlieue que je chéris.

Et donc, gravir une nouvelle fois les
marches du festival de Cannes…

C’est une fierté pour moi. La première fois
que je suis allé à Cannes, en 2006, c’était
pour Bled Number One de Rabah Ameur-
Zaïmeche, qui a obtenu le prix de la Jeunesse
dans la sélection Un certain regard ;
puis lors de la Quinzaine des réalisateurs
pour Dernier maquis du même réalisateur
en 2008. Cette fois, c’est pour une
palme !

Propos recueillis par Aurélie Sevestre
Le 14 mai 2014

 

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