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Rue Tillion, square Césaire…



Récemment disparues, deux grandes personnalités qui brillaient par leur humanité ont reçu l’hommage de la municipalité. Une rue de la commune porte désormais le nom de l’ethnologue et résistante Germaine Tillion et l’ancien parc de l’Ecluse est devenu le square Aimé Césaire…

Récemment disparues, deux grandes personnalités qui brillaient par leur humanité ont reçu l’hommage de la municipalité. Une rue de la commune porte désormais le nom de l’ethnologue et résistante Germaine Tillion et l’ancien parc de l’Ecluse est devenu le square Aimé Césaire…

Rue de la Montjoie, les drapeaux, la sonnerie aux morts. Le moment est solennel.
En ce 28 juin, cette voie située au cœur de la Plaine Saint-Denis va être rebaptisée du nom de Germaine Tillion.
Cette grande dame, ethnologue spécialiste du peuple berbère, résistante et conscience engagée contre la guerre d’Algérie, avait un lien (indirect) avec Aubervilliers.
Le maire Jacques Salvator, dans son discours, en fait l’explication à l’assistance : « Durant l’Occupation, c’est dans notre ville qu’a été imprimé le premier journal clandestin appelant les Français à refuser la présence nazie et la Collaboration.
Il était diffusé, sous le manteau, par le Réseau du musée de l’Homme dont Germaine Tillion était l’une des figures.
Ce journal s’appelait Résistance. C’est donc à Aubervilliers que l’on a utilisé pour la première fois ce terme ! »

Aux côtés de Jacques Salvator, Denise Vernay. Sœur de Simone Weil, compagne de captivité de Germaine Tillion à Ravensbrück et collaboratrice de l’ethnologue après guerre.
Dans un émouvant témoignage, elle aura rappelé à quel point pour son ancienne amie : « Résister, c’était savoir dire non dans un sens positif.
En mettant en branle sa faculté de compréhension des événements pour ne pas se laisser enfermer par eux et préserver ainsi son libre-arbitre. »
Disant aussi tout l’humour de Germaine Tillion « pleine de malice et d’anticonformisme. »

Le dévoilement de la plaque aura été également l’occasion de célébrer un autre lien entre Aubervilliers et Germaine Tillion, celui-ci à venir…
En effet, la rue qui porte désormais son nom débouche à deux pas de l’endroit où s’installera la prestigieuse Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) dont le déménagement de Paris est prévu.
Or, la célèbre ethnologue fut la directrice honoraire de cette institution. « Nul doute qu’elle aurait apprécié d’être si près de ses étudiants… », témoignera au micro Hervé de Tricornot, le directeur-adjoint de l’EHESS, en guise de conclusion de la cérémonie.

Dix jours plus tard, c’est une autre plaque qui était découverte


Le 6 juillet, la municipalité rebaptisait le parc de l’Ecluse en parc Aimé Césaire.
A sa mort, au printemps, la question du transfert de sa dépouille au Panthéon avait agité quelque temps le Paris des Lettres et de la politique.
Pas sûr que le chantre de la négritude, grand homme simple, aurait apprécié la lourde solennité de la chose !
Par contre, le poète, c’est certain, n’aurait rien eu contre le fait que l’on donne son nom à un parc… C’est ce qu’Aubervilliers a décidé de faire.

A proximité du Pont de Stains, boulevard Félix Faure, ce bel espace vert, ouvert il y a cinq ans le long des berges rénovées du canal Saint-Denis, accueillait donc une foule le jour dit.
Avec une cérémonie, placée, évidemment, sous le signe de la poésie.
Une poésie de combat dont des extraits interprétés par des jeunes de l’Omja, Alfassile, Frédéric, Maliki, Alexandre et Bintou, aura témoigné d’une vigueur qui n’a rien perdu.
Au rythme de gospels chantés par la chorale de l’association Frégatechnic, et en attendant de déguster un poulet Madras de circonstance prévu à la collation de clôture de la cérémonie, l’heure fut aux discours.
A la demande de Jacques Salvator, c’est le sénateur Jack Ralite qui aura rendu l’hommage.
Bel hommage où tous les mots avaient leur résonance : « C’est quoi la vie d’homme ? Un combat de l’ombre et de la lumière.
Aimé Césaire était un diseur d’essentiel qui nous aidait à voir au-delà de nos limites et de tous les préjugés. »

Dans la même veine sensible, Philippe Milla, conseiller municipal chargé des événements commémoratifs, d’origine martiniquaise lui-même, parlera de « celui qui a rompu la corde du colonialisme et brisé les chaînes intérieures des colonisés… »

Frédéric Medeiros
Le 17 juillet 2008

Voir un extrait vidéo des deux inaugurations

En savoir plus :

sur le Le Panthéon d’Auber

 

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