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Les 11es Rencontres de Plaine Commune Promotion

Suite aux événements de novembre, la question du recrutement local a été au cœur
des débats des dernières Rencontres des entrepreneurs de l’agglomération.

Suite aux événements de novembre, la question du recrutement local a été au cœur
des débats des dernières Rencontres des entrepreneurs de l’agglomération.

Le développement économique de Plaine Commune... Des emplois pour qui ? L’intitulé du débat a le mérite d’être clair !
Il faut dire que les événements de novembre ont mis en lumière le principal mal des banlieues populaires : le chômage de masse qui frappe sa jeunesse (jusqu’à 30 % de sans emploi dans certains quartiers).

Au micro, Patrick Braouezec, le président de l’agglomération, est là pour interpeller les chefs d’entreprise locaux.
Face à lui, une assistance exclusivement constituée d’entrepreneurs. Le débat se déroule début décembre aux EMGP, à l’occasion des 11es Rencontres de Plaine Commune Promotion, le salon des décideurs économiques du territoire.

Convaincre les patrons de l’intérêt de recruter dans les quartiers

L’autre invité de poids de cette table ronde, c’est Yazid Chir, le responsable du Medef nord-francilien.
Ce patron au profil atypique s’est fait connaître pour son engagement en faveur d’une égalité des chances dans le monde du travail.
Les deux hommes sont venus pour convaincre de l’intérêt pour tous de recruter plus largement dans les quartiers.

La situation de Plaine Commune sur le front de l’emploi ? Il y a les chiffres du succès : avec l’arrivée d’un millier d’entreprises et de 20 000 salariés, l’agglomération est le territoire d’Ile-de-France qui a connu le plus fort développement de ces quatre
dernières années.
Mais il y a aussi le chiffre d’une réalité moins brillante : avec 17 % de demandeurs d’emploi, Plaine Commune a un taux de chômage presque deux fois supérieur à la moyenne francilienne.
Patrick Braouezec s’explique :
« Notre première tâche a été, après la désindustrialisation des années 70-80, de tout mettre en œuvre pour favoriser une nouvelle dynamique économique.
On a, en partie, réussi comme l’atteste la vigueur retrouvée de la Plaine.
Cela nous amène des ressources qui seront redistribuées sous la forme de politiques publiques.
Pour autant, nos habitants ne bénéficient pas assez de cet essor quand il s’agit de trouver du travail. »
Le président de Plaine Commune n’y va pas par quatre chemins
pour dénoncer une certaine frilosité :
« Dans un premier temps, on pouvait comprendre que les entreprises arrivant avec leurs effectifs soient dans une phase d’installation, pas de recrutement.
Mais, désormais, le turn over naturel au sein de chaque société débouche sur des embauches.
Or, celles-ci ne se font que trop rarement en faveur des demandeurs de l’agglomération.
Actuellement, seulement 20 % des salariés du territoire habitent sur Plaine Commune ! Il va falloir inverser la vapeur... »

« Il y a beaucoup de préjugés »

Discriminations ? C’est le patron du Medef lui-même qui lâche le mot.
« D’aucuns avancent comme explication à ce chômage le déficit de formation du public des banlieues populaires.
C’est vrai, il y a encore beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine. Les filières professionnelles, par exemple, ne sont pas valorisées com-me elles le devraient.
Pour autant, il faut le dire, nous nous confrontons aussi à beaucoup de préjugés.
Pour notre part, nous avons engagé l’opération « Nos quartiers ont du talent » pour mettre en relation directe
200 jeunes diplômés du département avec des entrepreneurs locaux.
Nous leur offrons la garantie d’un entretien, et donc une vraie chance de se faire valoir.
Trop souvent les CV sont d’emblée écartés pour des raisons peu avouables : un patronyme à consonance étrangère, une adresse dans un quartier défavorisé... »

Une formidable envie de réussir

Pour Yazid Chir, c’est un contresens absolu : « Les chefs d’entreprise doivent comprendre que ces jeunes qui décrochent des diplômes dans des conditions de vie pas faciles sont d’autant plus méritants.
Qu’ils témoignent d’une envie de réussir et d’une capacité de travail au-dessus de la moyenne. Et qu’ils ont donc tout intérêt à leur ouvrir la porte. »
Sera-t-il entendu ? Pour, qu’enfin, la banlieue nord figure sur la carte des recruteurs...

Frédéric Medeiros
Le 4 janvier 2006

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