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Charlie Hebdo déboule au bahut



Un peu de satire au lycée Jean-Pierre Timbaud ? Le 21 février, c’est Charb – dessinateur, chroniqueur et directeur de la publication de Charlie Hebdo – qui s’est livré au jeu des questions-réponses face à trois classes de d’jeunes dont ce magazine n’est pas forcément la tasse de thé.

Un peu de satire au lycée Jean-Pierre Timbaud ? Le 21 février, c’est Charb – dessinateur, chroniqueur et directeur de la publication de Charlie Hebdo – qui s’est livré au jeu des questions-réponses face à trois classes de d’jeunes dont ce magazine n’est pas forcément la tasse de thé.

Ca valait le coup qu’il se déplaçât cet homme-là. Bah oui, parce c’eût été dommage que, lycéen de Timbaud, l’on en restât sur des lectures par trop rapides du seul hebdomadaire satirique français.
De sorte que l’initiative d’inviter Charb, de Charlie Hebdo, pour un feu roulant de questions ça le fit.
Bien vu donc les profs des seconde, terminale et de la classe de CAP carrosserie : voilà qui fournira matière au prochain journal du bahut – Le Monde de Jean-Pierre Timbaud, hé hé ! – et qui alimentera les réflexions autour du thème « Censure et liberté » (c’est dans les programmes m’sieurs dames).
Après les amabilités d’usage où l’on apprendra que Charb a toujours dessiné, qu’il fit un détour chez les fils de pub, que nonobstant l’idée martelant l’absence de perspectives pour un dessinateur de presse l’homme a persisté, signé et qu’il en vit…

Bon entrons dans le dur, y a-t-il des limites pour les caricatures ?
Charb – quadragénaire, barbe et lunettes – a remis doucement les choses en place : « La loi est assez large et on peut dire énormément de choses dans la presse française sans être attaqué […] mais quelquefois la justice estime qu’on est allé trop loin… Nous critiquons les gens, les gouvernements et je trouve normal qu’on nous critique aussi. »
De fait, ils en ont eu des procès au journal mais pas seulement. Les réactions aux dessins et unes du canard se sont souvent traduites par des insultes – messages sur Internet – et des attaques, et des menaces de mort, et l’incendie de ses locaux…
« Pourquoi critiquez-vous une religion plus qu’une autre ? », lancera une élève à Charb.
Lectures par trop rapides ? « C’est comme ça qu’est perçu Charlie Hebdo. En fait, on ne critique pas plus l’Islam que la religion catholique.
Sur 20 ans de journal, on s’aperçoit qu’on critique beaucoup plus la religion catholique […].
On a eu 14 procès pour ça ! Notamment avec l’extrême-droite catholique qui nous traitait de racistes anti-Français : c’était tellement grotesque qu’ils ont perdu !
 ».
Lecture trop sommaire ? « A chaque fois qu’on attaque l’Islam radical […] ce sont surtout les autres medias qui font dans la surmédiatisation et donnent l’impression que Charlie Hebdo ne parle que de ça », a expliqué le dessinateur.
Charb argumentera sans langue de bois, fera valoir qu’avec Internet « la presse n’a plus le monopole de la liberté d’expression.
Beaucoup de gens réagissent et nous répondent ainsi » et que c’est plutôt bien comme ça même si ce n’est pas toujours gentil.

Pas gentil non plus Charlie Hebdo, il choque certains élèves qui le trouvent vulgaire : « On ne force personne à l’acheter. Il n’est pas gratuit et il faut faire la démarche d’aller le chercher en kiosque.
A partir de ce moment voilà, on est en connaissance de cause.
Il ne faut pas être maso non plus !
 », rétorquera Charb. Cachez ce sein que je ne saurai voir, écrivait Molière…
Au terme de la rencontre, l’invité croquera gentiment la caricature pour les élèves qui l’auront sollicité.
J’te donne une explication texte et j’te fais un dessin : Bien vu Charb, peut-être liront-ils vos messages autrement désormais…

Eric Guignet
Photos : Willy Vainqueur
Le 22 février 2013

 

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