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Lounès Tazaïrt sera sur les planches du TCA en avril dans Invisibles du 17 au 24 avril.

Lounès Tazaïrt sera sur les planches du TCA en avril dans Invisibles du 17 au 24 avril.

C’est là, au Théâtre de la Commune
(TCA), que tout a commencé. Peu
après 68, Lounès Tazaïrt y était machiniste,
après avoir été ajusteur en usine et
animateur à l’Omja. Un jour, « un choc »…
Lors de répétitions, il a rencontré de plein
fouet le théâtre par l’envers du décor. Séduit,
il a rejoint l’école du Centre dramatique
de La Courneuve, puis décroché un
premier contrat.
Suivi bientôt de nombreux
rôles au théâtre, au cinéma – L’ennemi intime,
bientôt Fièvres de Hicham Ayouch –
et de plusieurs one man shows.
Du 17
au 24 avril prochains, il revient au TCA
où tout s’est joué, mais où il n’a jamais
joué, dans Invisibles, une pièce de Nasser
Djemaï
. « La boucle est bouclée, en quelque
sorte
 », lance-t-il.

Aubervilliers, terre d’accueil
« Jouer à Aubervilliers est un symbole d’autant
plus fort que la pièce est consacrée aux
Chibanis
 », poursuit-il.
Aubervilliers, qui
fut une des terres d’accueil de ces immigrés
maghrébins dans les années 50 et 60, venus
sans leur famille pour travailler et qui, pour
des raisons diverses, ont vieilli en France.
Lounès incarne Driss, résident de foyer
Sonacotra, dépassé par les démarches interminables
de son dossier de retraite, qui
partage son quotidien avec quatre autres
Chibanis.
Un jour, débarque Martin, un jeune homme à la recherche de son père sur
la base de vagues indications données par
sa mère avant de mourir.

Pour l’interprétation, Lounès Tazaïrt s’est
beaucoup appuyé sur le souvenir de son
père, venu de Kabylie s’installer à Aubervilliers
avec sa famille, et de toutes ces figures
de l’immigration qu’il a côtoyées enfant.
Un travail d’introspection en forme de machine
à remonter le temps.
« Invisibles parle
des vieux d’aujourd’hui et des jeunes qu’ils
étaient, entre labeur et espoir. Ils venaient
faire fortune chez celle qu’ils appelaient
Madame la France, espérant échapper à
une grande misère.
Leur vie a été douloureuse,
entre exil, solitude, déception et humiliation…
mais empreinte de force et de
solidarité
 ».

Dans sa jeunesse, « de fils d’immigré et d’ouvrier
 », Lounès Tazaïrt avait la convictionque
le théâtre, « c’était loin de moi et surtout pas pour nous. Toute ma jeunesse, j’ai entendu :
il faut travailler et ne pas sortir des rails. »
Devenir comédien paraissait impossible. Et
puis, il y a eu des rencontres déterminantes
– « celles qui m’ont affranchi de ces barrières
 » –, la découverte de la littérature et ce
besoin d’affirmation qui lui ont permis de
cheminer à son gré.
« C’est très difficile d’entamer
la sortie de route, mais c’est aussi une
jouissance formidable. Tout s’ouvre : l’imaginaire
et le champ des possibles
 ».

Naï Asmar
Le 4 avril 2013

INVISIBLES

Ecrit et mis en scène par Nasser Djemaï.
Du 17 au 24 avril
Théâtre de la Commune
2 rue Edouard Poisson.
Tél. : 01.48.33.16.16
www.theatredelacommune.com

 

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