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« Ce n’est pas moi qui suis vieille ! »



Jusqu’au 17 décembre, l’irremplaçable Ilka Schnbein joue La vieille et la bête, une fable en hommage à son père, décédé dernièrement, et un beau pied de nez à la mort.

Jusqu’au 17 décembre, l’irremplaçable Ilka Schönbein joue La vieille et la bête, une fable en hommage à son père, décédé dernièrement, et un beau pied de nez à la mort.

C’est avec son corps, ce bougre d’âne, que l’acrobatique Ilka Schönbein a eu le plus de mal. Quand le maudit animal vient à sortir des royales entrailles, on s’en rend compte.
Contorsions, grognements, le monstre va paraître… En fait, un inoffensif mulet qui n’aspire qu’à jouer du luth.
Des contes, Ilka Schönbein aime à en mettre en scène, incarnant - un bras ou une jambe glissés dans ses marionnettes - la petite ballerine, la grande ballereine, puis la balleruine. Trois personnages, trois âges, une vie.

« C’est avec la vieille que j’ai eu le moins de difficultés, elle convenait tout de suite. En revanche, j’ai changé plusieurs fois la ballerine qui n’avait au départ pas de bras », confie Ilka posée sur le bord de la scène, après la représentation dans la petite salle du Théâtre de la Commune.

Parterre, des pommes, de la paille, un pot de chambre, des verres et du cidre qu’elle partage avec son public.
« Hier, pour la Première, les gens étaient très vivants, participaient beaucoup. Aujourd’hui, c’était beaucoup plus calme », constate sans étonnement l’artiste qui a longtemps joué ses spectacles dans la rue.
[Tous les spectacles d’Ilka Schönbein ont été accueillis au TCA, dont « Métamorphoses » joué dans le square Stalingrad].

A chacun en effet sa façon de recevoir les étranges et fascinants personnages de ce conte, où la musique joue un rôle essentiel.

« La musique a été composée en trois mois, après que j’ai travaillé deux ans à cette pièce. Et Alexandra [A. Lipidi, la musicienne présente sur scène. Ndlr] a apporté de nombreuses propositions ».
Osmose totale et entente cordiale. A elles deux, elles forment un duo tragi-comique, la voix de soprano et les fantaisies musicales d’Alexandra Lupidi répondant à la plasticité rêche et malicieuse de l’interprète.

En un clignement d’œil et quelques notes, le poids et la gravité des propos reprennent la légèreté d’une bonne blague.
Comme celle de percher la camarde venue la chercher sur un pommier… d’accepter finalement qu’elle en descende à condition d’être emportée dans son sommeil. Puis de refuser d’aller se coucher !
« Je ne suis pas fatiguée ! », argumente l’ancêtre recroquevillée sur sa canne, mais l’œil plein de vie.

Le corps, cette vieille mule désobéissante, qui refuse de partir quand la mort lui frappe sur l’épaule, Ilka sait bien comment s’en jouer. « On est bien ici. Vous vous ennuyez, vous ? », interpelle-t-elle la salle, installée sur les genoux d’un spectateur, prenant les autres à témoins.
A personne ne vient alors l’idée de la contredire et on espère encore longtemps être du spectacle.

Claire Darfeuille
Le 29 novembre 2010

Les marionnettes des précédentes pièces d’Ilka Schönbein sont exposées dans les avant-salles du théâtre.
Réservation au 01.48.33.16.16

 

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