Hommage aux travailleurs chinois de la Grande Guerre à Noyelles-sur-mer
Le 9 avril 2018, une cérémonie d’hommage était organisée au cimetière chinois de Nolette à Noyelles-sur-mer (80), le plus grand cimetière chinois de France où 842 travailleurs chinois reposent aujourd’hui. Au total, ce sont près de de 2000 travailleurs chinois qui sont inhumés en Europe.
Depuis 1982, la communauté chinoise sous l’égide de nombreuses associations parmi lesquelles l’association des anciens légionnaires chinois installée à Aubervilliers organise cette commémoration à l’occasion de Qing Ming, la fête des morts dans la culture chinoise. L’hommage rendu cette année, en présence de l’ambassadeur de Chine en France, ZHAI Jun, a réunit près de 300 personnes à l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.
Cette cérémonie est l’occasion de revenir sur une contribution importante de la communauté chinoise à la Grande Guerre parfois oubliée dans l’historiographie française.
Engagés volontaires dès décembre 1916, les travailleurs chinois sont assimilés aux travailleurs coloniaux au sein de l’armée française ou constituent le Chinese Labor Corp (CLC) dans l’armée anglaise. Il est précisé dans leur contrat que les chinois ne seront jamais affectés dans des unités combattantes. Ils sont près de 140 000 engagés dans ce conflit.
Le premier contingent chinois, originaire de la région du Shandong, arrive en France en avril 1917. Ils sont installés dans des camps de travail comme à Noyelles-sur-mer où un camp de près de 40 hectares est installé pour eux. Ils remplacent les soldats britanniques dans diverses missions transports de munitions, de vivres, déchargement des navires, construction de voies ferrées, bâtiments, quais, employés dans les industries etc. Ayant l’interdiction de circuler librement, ils n’ont aucun lien avec la population locale qui les voit arriver dans leurs villages avec curiosité et étonnement, comme le décrit un habitant du village, 16 ans à l’époque.
Au lendemain de l’armistice, certains sont employés dans les régions libérées pour remettre le territoire en état. Il contribue à reboucher des tranchées, des trous d’obus ou à la réfection de voies de circulations. Certains sont affectés à la création de cimetières militaires et à la recherche de corps sur les champs de bataille.
A l’expiration de leur contrat, la majorité choisit de retourner en Chine. Les derniers retours ont lieu en 1920-1921. Néanmoins 3000 travailleurs décident de rester en France. Un certain nombre s’installe à l’ilot Chalon derrière la Gare de de Lyon, fondant ainsi le premier quartier chinois dans la capitale française.