Archives de la Ville d’Aubervilliers

Le monument aux morts

publié le 3 septembre 2016 (modifié le 6 avril 2022)


La Grande Guerre aura fait plus de 9 millions de morts. Dès l’issue du conflit, de nombreux monuments aux morts voient le jour partout en France. En 1918, le conseil municipal d’Aubervilliers adopte le principe de l’érection d’un monument commémoratif afin de conserver le souvenir des victimes de la Grande Guerre. Face aux diverses demandes d’hommages corporatistes - un monument aux morts aux enseignants est envisagé - ou personnelle - dépôt de plaque d’une famille pour ses disparus - les élus choisissent de ne pas distinguer les combattants. Le monument aux morts représente ainsi à la fois les membres de la communauté locale mais aussi l’ensemble des combattants nationaux tombés au champ d’honneur.

Proposition du sculpteur Giovani-Pinotti Cipriani
En novembre 1923, Giovani-Pinotti Cipriani présente une gravure de son projet de monument aux morts au conseil municipal. Il explique alors son intention : « Au premier plan figure un champ de bataille, trois poilus y sont tombés. Au fond, en perspective, un paysage dévasté. Le tout pour caractériser la dévastation, la misère, le sacrifice, la mort. Dans la partie supérieure, une femme, l’être créateur s’élevant de cette terre de douleur poignante et tenant à bout de bras un enfant pour le mener vers la paix qui resplendit aux cieux sous la forme d’un soleil sur lequel est gravé le mot PAX. Le tout pour caractériser : la vie aspirant à la paix ». Le bronze est entouré d’un faisceau de laurier en staff. De chaque côté, on prévoit l’inscription des noms des disparus albertivillariens sur de grandes plaques de marbres avec cette spécificité à Aubervilliers de mentionner à la fois les victimes militaires et civiles. Il compte aujourd’hui 1761 noms. Courant 1924, le directeur des beaux arts demande quelques modifications à l’artiste jugeant l’œuvre « sculpturale ». Celles-ci ne pourront être réalisées, le motif étant déjà coulé dans le bronze et exposé au salon.

Un emplacement idéal
Durant cette période, un débat s’engage sur l’emplacement idéal pour ce monument, les partisans du cimetière communal et ceux de l’hôtel de ville défendent leur position lors du conseil municipal du 12 décembre 1924. Le cimetière apparaît, pour les uns, « comme un lieu de recueillement pour toutes les familles qui n’ont pas pu retrouver les corps de leurs disparus ». Sur les 1700 disparus albertivillariens, seuls 500 sont rapatriés. Pour les autres, « le souvenir de nos disparus doit être constamment présent à la mémoire de nos concitoyens, associés à toutes les manifestations de la vie collective » en ce sens il doit trouver sa place au sein de l’hôtel de ville.

La maison commune est alors en plein travaux, on choisit d’y installer le monument qui est inauguré le 25 avril 1925, la même année que la nouvelle mairie qui ouvre désormais ses portes sur l’Avenue de la République. En entrant dans la mairie, les habitants passent chaque jour devant le monument. L’année suivante, le conseil municipal commande à la veuve du sculpteur Cipriani, une borne monumentale pour la division réservée aux tombes des militaires ramenés du front afin de « rappeler simplement et dignement la destination du lieu ».

Au fil des années plusieurs plaques ont été ajoutées au monument d’origine pour commémorer d’autres conflits, elles rendent hommage aux enfants juifs d’Aubervilliers disparus en 1942, victime du génocide nazi, aux martyrs de la résistance fusillés par l’oppresseur nazi, aux glorieux combattants F.F.I tombés du 19 au 26 août 1944 pour la Libération, aux 21 jeunes gens d’Aubervilliers tombés en A.F.N.

Bibliographie :

  • 1D39 - Délibération du conseil municipal du 14 novembre 1923, n°45. Érection d’un monument aux morts de la guerre. Proposition de M. Cipriani sculpteur
  • 1D40 - Délibération du conseil municipal du 12 décembre 1924, n°92. Érection d’un monument aux morts. Fixation de l’emplacement.
  • 1M 1076 - Borne monumentale pour le carré militaire. Cimetière communal.
  • 1M 1077 - Monument aux morts de la Guerre 1914-1918. Hôtel de ville