Archives de la Ville d’Aubervilliers

#Madeleineproject avec les élèves de Jean Macé

publié le 13 juillet 2016 (modifié le 15 septembre 2016)

Bonjour,
Nous sommes les élèves de la classe de CM2 A.Notre école s’appelle Jean Macé. Elle a été construite en 1876. C’est la première école d’Aubervilliers.
Elle se situe dans le quartier des quatre-chemins où se trouvent beaucoup de commerces ainsi que le métro. Dans la classe, nous sommes 22 élèves et nous voulions vous faire partager le passionnant projet que nous avons réalisé cette année.

Tout a commencé lorsque nous avons travaillé sur la création d’une capsule temporelle avec un professeur du collège. Avec lui, nous avons écrit une lettre où nous nous présentions et dans laquelle on faisait un souhait pour nous et pour la terre dans le futur. On décrivait aussi un objet qu’on voulait voir évoluer.
A l’inspection, une personne qui suivait notre projet a entendu parler de l’existence d’une journaliste qui racontait sur twitter son histoire incroyable. En effet, elle a découvert les affaires d’une enseignante dans la cave de l’appartement qu’elle loue. Cette enseignante s’appelait Madeleine et elle a enseigné à l’école Jean Macé pendant la seconde guerre mondiale.

La journaliste s’appelle Clara Beaudoux .Nous avons été sur son compte twitter et on a suivi les 2 saisons du « Madeleine project ». Nous avons vu des photos et des affaires de Madeleine.

Suite à ça, nous avons demandé à rencontrer la journaliste et elle a gentiment accepté de venir à l’école. Elle a été très agréable. Elle a apporté des affaires appartenant à Madeleine et nous lui avons posé des tonnes de questions. Avant qu’elle ne parte, elle nous a confié une mission : retrouver des anciens élèves de Madeleine.

Par chance, une autre personne de l’inspection nous a parlé d’un ancien élève de Jean Macé nommé Jean qui était scolarisé à la même époque que Madeleine. Nous lui avons envoyé une lettre pour savoir s’il voulait bien travailler avec nous. Il a tout de suite accepté. C’est comme ça qu’a démarré notre correspondance. Il nous a envoyé plusieurs lettres et de notre côté, nous lui avons répondu avec une joie immense. Il nous a appris plein de choses sur Aubervilliers pendant la seconde guerre mondiale. Nous lui avions envoyé les photocopies des photos que Clara avaient apportées. Hélas, il n’a pas reconnu Madeleine. Mais il nous a décrit comment était Aubervilliers quand Madeleine venait travailler. En même temps, nous avons fait des recherches sur internet et vu des films et documentaires sur notre ville. Celui qui nous a le plus marqué est un film de 1945 d’Eli Lotar sur la vie difficile à Aubervilliers. C’est Jacques Prévert qui a écrit les chansons. On voit des jeunes se baigner dans le canal à côté de chats morts, des gens très pauvres vivant dans des maisons où le toit est effondré. Avant on appelait Aubervilliers la « Petite Prusse ».
Monsieur Papi nous a appris qu’à cause des abattoirs de la Villette et des boyaux d’animaux, la ville pouvait sentir très mauvais en fonction du vent.
Les gens n’avaient pas l’eau courante à la maison et se lavaient aux bains douches qui sont devenus aujourd’hui le CMPP ! C’est à ce moment-là que nous avons décidé de créer le compte twitter de la classe pour raconter tout ce que l’on découvrait.

Monsieur Jacques Dessain est également venu dans notre classe.

Il s’agit d’un des plus grands historiens de notre ville. En plus, lui aussi a été élève à Jean Macé à l’époque de Madeleine mais malheureusement lui non plus ne l’a pas rencontrée. Il nous a expliqué sa scolarité dans notre école et sa vie pendant la 2e guerre mondiale à Aubervilliers. Il nous a aussi parlé des passages de plusieurs rois de France dans l’église de notre ville car un miracle se serait produit. Mais Monsieur Dessain dit que c’est une légende car il n’a trouvé aucune preuve écrite. Comme Monsieur Papi, il se souvient très bien des bouviers et des troupeaux qui passaient en pleine ville.
Il nous a aussi raconté qu’il faisait partie de la résistance et nous a montré « l’affiche rouge ». Il nous a récité le poème « strophes pour se souvenir » de Louis Aragon qu’il connaissait par cœur. C’était très émouvant. Plus tard la maitresse nous a fait écouter ce poème chanté par Léo Ferré et plusieurs ont eu les larmes aux yeux.
Pour faire avancer notre mission, nous avons eu l’idée de créer un questionnaire pour nous aider à retrouver des anciens élèves de Madeleine. Nous avons commencé à interviewer les personnes âgées de notre quartier. Malheureusement, nous avons rencontré quelques difficultés. Les personnes âgées se méfient beaucoup car elles ont une mauvaise image de nous. L’accueil n’a pas toujours été bon.

Ensuite, nous avons demandé à Clara de revenir dans notre établissement. Nous lui avons demandé des conseils de professionnels pour mieux savoir approcher les gens.
Voici ses conseils précieux :
Avant d’interviewer quelqu’un, il faut se présenter et expliquer notre projet car pour que les gens parlent d’eux, il faut d’abord parler de nous.
Il faut essayer de toujours garder le sourire.
Ne surtout pas rapporter quelque chose car les personnes pourraient se sentir achetées.
Si ça se passe mal, il faut écourter l’interview pour éviter le conflit et rester calme en toute circonstance.
Pour les timides, il faut venir avec un ami ou un camarade.
Pauline a été dans une maison de retraite où elle a pu interviewer deux femmes très bavardes qui lui ont appris beaucoup de choses.
Yassine est parti chez sa voisine qui était à l’école Jean Macé pendant la seconde guerre mondiale. Elle ne connait pas Madeleine mais un des profs de la photo.
Igor a rencontré son voisin qui était élève de Madame Soissons, une collègue de Madeleine. Il a aussi connu notre monsieur Papi.
Nous sommes partis aux archives d’Aubervilliers pour obtenir plus d’informations sur notre école à l’époque de Madeleine.
Nous espérions trouver des listes de maitres et maitresses de Jean Macé mais aussi des listes de classe et demander s’il existe des dossiers sur les enseignants. Malheureusement, les archives de l’Education Nationale ne se trouvent pas là.

Monsieur Dessain nous avait alors conseillé d’aller à la fête des associations et de trouver la société d’Histoire. Ismaïl y est allé et a fait plein de photos. Nous avons aussi fait des recherches sur les moyens de transport que Madeleine devait utiliser pour venir à l’école.

A la soirée thématique du collège, nous avons pu rencontrer Monsieur Aubert. Il a été dans notre établissement de 1941 à 1947. Malheureusement, lui non plus n’était pas un élève de Madeleine et il n’a aucun souvenir d’elle alors qu’il était à l’école à la même époque.
On s’est remis à chercher. Sadaf a été voir les commerçants du quartier, Pauline est retournée à la maison de retraite pour rencontrer un monsieur qui connaissait Madeleine.
Il lui a dit qu’il n’était pas son élève mais son voisin, qu’elle était très gentil et lui donnait des gâteaux quand il avait faim. D’après lui, Madeleine aurait habité Aubervilliers.
Monsieur Dessain est revenu nous voir Jeudi 30 Juin avec son ami Monsieur Aubert.
Il dit que si c’est vrai, il faudra retourner aux archives et regarder les registres du recensement.
Igor a rencontré Lazare, un ancien élève de 88 ans et qui a été déporté.
Nous étions un peu perdus car on avait l’impression que certaines personnes âgées nous disaient des choses pour nous faire plaisir.
Et puis peut-être que leurs souvenirs se mélangeaient.
Alors, on est parti sur d’autres pistes.
Nous avons passé du temps sur le site « copains d’avant ».
La première fois, on avait cherché des photos. Là, on a comparé les noms des anciens élèves à ceux du registre de notre école. Après nous avons cherché sur les pages blanches pour avoir leurs adresses. On est devenu des vrais détectives.
Comme ça, on a pu retrouver 8 anciens élèves, 6 hommes et 2 femmes qui étaient à l’école entre 1945 et 1950. Nous leur avons écrit un courrier et mis une photo de classe de Madeleine.
Puis nous avons demandé à Monsieur Dessain comment des femmes avaient pu être à Jean Macé en 1947 si c’était une école de garçons.
Il nous a expliqué que le groupe scolaire s’appelait Jean Macé jusqu’en 1950 environ. L’école était coupée en 2 : 1 coté garçons, 1 coté filles. Sur les photos, on voit que Madeleine était coté garçons mais peut-être qu’elles l’auront croisée ou avaient un frère élève de Madeleine.

On ne désespère pas !
Nous avons adoré ce projet.
Nous remercions énormément toutes les personnes qui ont rendues notre année magnifique.

Merci à Claire, Monsieur Joly, Pascal, Monsieur Papi, Clara, M Dessain, Mme Belkorchia, M Aubert, Charles, Lazare, M Renoult et M Martel.

Grand merci aussi aux personnes âgées de la maison de retraite et du quartier.
Nous avons appris plein de choses sur notre école, notre ville, en histoire.

Et nous avons de nouveaux amis un peu plus vieux que d’habitude !


Grâce à Clara, nous sommes allés à la radio sur France culture dans l’émission les nouvelles vagues.
Nous avons rencontré des journalistes comme Margaux Panaye qui travaille pour Télérama et Nai Asmar d’Aubermensuel.

D’ailleurs, merci beaucoup à Margaux qui a écrit un super article sur nous. Nous sommes tous très fiers et la maitresse encore plus.
Cette année était INCROYABLE, MAGIQUE.
Nous avons adoré enquêter, comparer, rencontrer.
Mille mercis à Clara qui nous a fait vivre tout ça.
Nous espérons avoir des nouvelles de notre enquête en rentrant de vacances.
Alors à bientôt pour la suite des aventures.

Les CM2 A de l’école Jean Macé d’Aubervilliers.

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