Archives de la Ville d’Aubervilliers

Hommage à Manouchian

publié le 14 février 2014 (modifié le 21 février 2014)

C’était l’affiche rouge. Placardée dans
toute la région parisienne par l’occupant
nazi lors du procès des résistants
du groupe Manouchian en février
1944.
Un matériel de propagande pour faire
peur. Sur l’affiche, des gueules de métèques,
visages hirsutes, marqués par la traque, l’emprisonnement
et les coups. Ils n’étaient pas
beaux à voir et l’image devait servir de repoussoir.
« Des libérateurs ? L’armée du
crime
 », disait le titre. Faire peur, réveiller
la xénophobie, décrédibiliser la Résistance.
Ils n’étaient pas beaux à voir, ils étaient magnifiques
 ! Ils n’étaient pas français, ils furent
l’honneur de ce pays…

Soixante-dix ans, jour pour jour après leur
exécution par les Allemands le 21 février
1944 au Mont-Valérien, une nouvelle
plaque (l’ancienne datait de 1974) à la mémoire
des membres du groupe Manouchian
sera dévoilée à l’entrée du gymnase éponyme,
à l’initiative de la municipalité.
« En ces temps de repli sur soi, de crise de
sens et de difficulté à s’imaginer collectivement,
c’était important de se rappeler
que certains se sont sacrifiés pour notre liberté
,
explique le maire Jacques Salvator, qui
tient particulièrement à cette commémoration.
La défiance vis-à-vis de tout, le rejet
de l’autre au seul motif qu’il est autre sans
même savoir qui il est humainement, voilà
des maux dont notre société souffre et qu’il
faut soigner notamment par le rappel de
ces exemples.
 »

De son côté, Jack Ralite, ancien maire
d’Aubervilliers, se souvient de l’inauguration
du gymnase au nom de Manouchian.
« Sa veuve, Mélinée, y avait assisté. A
l’époque, la ville comptait déjà beaucoup
d’habitants d’origines multiples et cette internationale
du courage qu’avait été le
groupe Manouchian y avait toute sa place
et sa résonnance.
 »
Le réseau était constitué de 23 résistants
dont 20 étrangers, Espagnols, Italiens, juifs
hongrois et polonais. Et, à la tête de ce groupe
armé des Francs-tireurs et partisans –
Main d’oeuvre immigrée, l’Arménien
Missak Manouchian.
« Le commandant
en chef du FTP, et donc de Manouchian,
était un certain Charles Tillon, qui deviendra
député-maire d’Aubervilliers à la
Libération
 », précise l’écrivain albertivillarien
Didier Daeninckx, auteur de Missak,
poète et chef de la Résistance.
Le réseau mènera des dizaines d’opérations
contre l’occupant pour que, comme Missak
l’écrit à Mélinée quelques heures avant
de mourir, nous puissions « goûter la douceur
de la liberté et de la paix
 ».

Aurélia Sevestre
Le 14 février 2014

DÉVOILEMENT DE LA NOUVELLE PLAQUE

- Vendredi 21 février, à 11 h
Gymnase Manouchian
41 rue Lécuyer
- 17 h
Les FTP-MOI dans la Résistance
Un film documentaire de Mourad Laffitte et Laurence Karsznia
Hôtel de Ville
- 18 h 30
Conférence-débat avec l’écrivain Didier Daeninckx
Hôtel de Ville