Archives de la Ville d’Aubervilliers

Où s’arrêteront-elles ?

publié le 2 mars 2011 (modifié le 14 mars 2011)

Veille de match sur le parquet du
gymnase Manouchian.
Une quinzaine
de seniors féminins du CMA
Basket s’entraînent.
Elles enquillent les paniers
et martèlent le sol de leurs dribbles. La
phase d’échauffement s’achève.
José Rosa,
le coach indéfectible, s’apprête à prendre les
choses en main.

Le lendemain, l’équipe Première joue encore
gros dans les raquettes du championnat
de France de Nationale 1.
Mais tous les
week-ends, il en est ainsi. En fin de saison
dernière, les cinq filles ont réussi l’impensable,
s’émanciper de la Nationale 2 en rejoignant
la Nationale 1.
Pensez donc, l’antichambre
du championnat de France
professionnel !
Auber a terminé 4e, le dernier
bon wagon. Le talent, l’esprit d’équipe
et une mentalité exemplaire ont encore su
déplacer des montagnes.
Et dire que le seul
impératif en début d’exercice était le maintien
en N2.
« C’est le plus beau résultat de
notre histoire
 », confirme le coach.

Voilà donc une performance de plus à l’actif
de ce club dont l’ensemble du budget de
fonctionnement équivaut, chez la majorité
de ses concurrents, à celui consacré à la
seule équipe Première.
« Sur les dix dernières
années, nous sommes bien la meilleure formation d’Ile-de-France car, à défaut de
posséder les moyens financiers, nous avons
les moyens humains
 », ajoute-t-il.
Les basketteuses ont l’habitude de jouer
les équilibristes sur leur fil.
A elles, les
équipes bardées de joueuses nourries, logées
et blanchies aux frais de leur employeur.

Auber, c’est l’exact contre-pied. On ne joue
qu’entre amateurs.
Elles sont infirmières,
étudiantes ou salariées, mère de famille…
Depuis le temps, plusieurs d’entre elles auraient
pu s’expatrier sous d’autres cieux plus
rémunérateurs.
Mais voilà, personne ne
s’est jamais résolu à quitter une aventure qui
se prolonge dans la sphère du haut niveau
depuis tant de saisons.

L’équipe Réserve en N2

Et comme les bonheurs peuvent se conjuguer,
la saison est également celle où un
CMA remplace l’autre.
Première de sa poule
en N3 et protagoniste des phases finales
du championnat de France en 2009-2010,
l’équipe Réserve a accédé en N2.
Et, pendant
ce temps, l’équipe 3 évolue au plus
haut niveau régional.
C’est dire si le réservoir de talents n’est pas
prêt de se tarir. « Sur un groupe de vingtdeux joueuses à répartir entre les équipes
Première et Réserve, j’en ai quinze qui ont
le niveau de jeu pour la N1, dont neuf sont
indiscutables dans ce championnat
 », précise
José Rosa.
Ce qui signifie aussi que, si
le vivier est florissant, il est également, pour
une part, très jeune et inexpérimenté.
Cela
se ressent actuellement avec la mise sur le
flanc de plusieurs basketteuses sur blessure,
ce qui réduit le choix de l’effectif.

A part ça, les Albertivillariennes sont bien
rentrées dans leur nouvelle peau, à l’instar
de leur capitaine Alice Bambara. A 39 ans,
dont 19 campagnes passées au CMA, notre
infirmière dans le civil manifeste l’enthousiasme
d’une junior.
« Nos prestations manquent
de continuité, mais on compense par
une grande intensité de jeu et beaucoup de
rythme
 », explique-t-elle.
Et puis, dans cette
équipe sans starlettes, les filles savent que
leur réussite dépend avant tout du collectif.

La bonne idée de démarrer le championnat
par trois victoires consécutives a permis de
bien soigner leur entrée.
Si, une fois encore,
l’objectif annoncé est le maintien, une position
d’attente au milieu du classement
provisoire de la N1 l’inciterait presque à revendiquer
un peu plus d’ambition encore.

Frédéric Lombard
Le 2 mars 2011