Archives de la Ville d’Aubervilliers

Edgar Morin à Aubervilliers

publié le 26 janvier 2011 (modifié le 27 janvier 2011)

Pas un programme politique, mais une incitation salutaire et urgente à tout réformer : « les Etats, l’agriculture, la consommation, la médecine, la pensée, la vie même !
Et dans un même élan, car ces réformes sont inter-dépendantes
 », explique le philosophe qui alerte sur la probabilité de catastrophes multiples, mais se refuse à jouer les Cassandre.
« La pieuvre du capitalisme financier, la dégradation de la biosphère, la crise économique, les fanatismes…
Tout cela est-il fatal ?
 » s’interroge l’ancien résistant qui puise dans sa propre histoire une réponse simple, mais une vérité complexe.
« En 1941, les probabilités étaient infimes que l’armée allemande recule sur le front russe, et pourtant, l’hiver précoce, la résistance des Serbes, plusieurs facteurs improbables ont abouti à sa défaite.
Mais, si Stalingrad fut une victoire contre Hitler, elle permit dans le même temps l’ascension de Staline…
 ».

Pourquoi faudrait-il toujours réduire les possibles, semble interroger l’humaniste qui, sur la question de l’identité, élargit les vues en posant : «  Je peux être basque, et espagnol ! ».
L’appartenance à la nation n’est pas question de sang, ni de sol, mais d’esprit, selon Edgar Morin qui s’exposa à la critique pour avoir dénoncé l’attitude oppressive du gouvernement israélien contre le peuple palestinien. Il conclut « l’expérience (de l’oppression) ne suffit pas, il faut la conscience ».

Le penseur de son temps s’appuie aussi sur la récente révolte tunisienne pour montrer que l’inattendu peut arriver. « L’Humanité a souvent changé de voie, toujours en suivant le message d’individus déviants, de Bouddha à Marx.
Tout changement commence par une déviance. Partout, des initiatives créatives voient le jour, mais ces efforts multiples sont dispersés
 », observe Edgar Morin qui appelle chacun à initier soi-même le changement.
« Les idées se répandent et deviennent des forces. La salut de l’Humanité n’appartient pas à une classe d’individus, mais à tout homme ou femme de bonne volonté », a conclu Edgar Morin avant de répondre aux questions du public.

claire darfeuille
Le 26 janvier 2011
Photos : Michaël Barriera