Le maire réagit aux résultats du 1er tour des élections régionales
Quelques jours après les attentats qui ont frappé notre pays, nous étions appelés aujourd’hui à élire nos représentants au Conseil régional. Dans ce contexte, voter était un acte citoyen de résistance s’opposant au totalitarisme. Si l’abstention reste forte puisqu’au plan national un électeur sur deux ne s’est pas déplacé, la participation est un peu plus forte que ce qui était annoncé dans les enquêtes d’opinion.
Cette participation ne débouche cependant pas sur le sursaut civique nécessaire à notre pays car la donnée de ce scrutin c’est l’ampleur du score des listes du Front national arrivées en tête dans six des régions. Le Front national conforte ses positions dans toutes les régions. Son racisme affiché s’attaque aux valeurs d’égalité, de liberté et de fraternité.
L’abstention forte exprime aussi la crise de notre système politique et parmi l’électorat qui s’est rassemblé à l’élection présidentielle s’est exprimée encore plus fortement la colère contre les engagements non tenus, les renoncements, et les décisions autoritaires.
Au plan local, moins d’un électeur sur trois s’est mobilisé, un peu moins qu’en 2010. Ici les différentes forces de gauche et de l’écologie sont majoritaires. Par rapport à 2010 elles maintiennent globalement leurs positions. C’est vrai pour la liste conduite par Pierre Laurent stable à 17 %, celle conduite par Claude Bartolone qui gagne 1 point à 29 %, celle conduite par Emmanuelle Cosse qui perd 2 points.
Ici, si le Front national progresse malheureusement de 7 points il ne double pas son score comme au plan de la région. Sa progression régionale et nationale a été contenue à Aubervilliers. Par ailleurs, la liste de Valérie Pécresse est en recul sur le total des listes de droite de 2010.
Le Conseil régional est un acteur majeur de notre vie quotidienne. Il s’intéresse au logement, au transport et à ses tarifs, à l’emploi, à la formation et à l’insertion professionnelle, à l’éducation, notamment les lycées, à l’apprentissage, à la transition écologique, à l’économie, au tourisme, à la culture, à la lutte contre les inégalités territoriales, à l’égalité entre les hommes et les femmes.
Ce vaste périmètre reste encore méconnu malgré ces derniers mois le débat sur le nouveau redécoupage du pays en régions plus grandes et dans notre région malgré le débat sur les contours de la future métropole du Grand Paris.
Dimanche prochain, les 1 757 conseillers régionaux seront élus jusqu’en mars 2021.
Dans cette campagne électorale singulièrement raccourcie, nous nous sommes efforcés de faire entendre la voix de celles et de ceux qui souffrent des ségrégations sociales et territoriales trop fortes dans notre région qui est pourtant la plus riche du pays.
Nous nous sommes efforcés de porter les demandes de celles et de ceux qui n’ont pas accès au logement social, à l’emploi, à la formation, de celles et de ceux qui souffrent durement des politiques d’austérité mises en œuvre et qui fragilisent les services publics locaux.
L’affirmation de l’humain d’abord c’est l’affirmation du refus de voir les moyens des collectivités réduits, de mettre l’argent public au service des constructions de logements et au service des transports collectifs, des RER et du réseau Grand Paris Express au lieu de développer les liaisons en car au moment où il nous faut répondre aux urgences climatiques de notre planète.
Les conseils régionaux élus dimanche prochain auront à gérer près de 29 milliards d’euros soit environ 8 % des budgets des collectivités. A partir de 2017, le Gouvernement leur attribuera 4 milliards d’euros supplémentaires par un transfert de fiscalité. Ce n’est pas rien.
Cette semaine, nous devons redoubler d’explications pour réduire le plus possible la force du courant qui pourrait porter la droite et l’extrême droite à la gouvernance des régions.
Pour ce qui est de l’Ile-de-France, la gauche et les écologistes divisés sur des questions nationales au premier tour, sans faire disparaître leurs divergences de fond peuvent ensemble empêcher la droite de gagner la région dimanche prochain.
Dans les heures qui viennent, les différentes composantes de la gauche et de l’écologie ont cette responsabilité.
Pascal Beaudet
Maire d’Aubervilliers
Le 7 décembre 2015