Archives de la Ville d’Aubervilliers

Cinq décennies sous vos applaudissements

publié le 4 novembre 2015 (modifié le 4 décembre 2015)

De toute façon, le théâtre appartient
à la vie de l’homme. Il lui est
aussi nécessaire que le manger
 »,
pose André Gide.
De cet axiome découle
la création du Théâtre de La Commune,
premier théâtre en banlieue de Paris, un
acte militant entrepris par Jack Ralite et
Gabriel Garran, le politique et l’homme de
théâtre.
L’aventure est initiée dès 1959 avec
la tenue de débats autour d’une implantation
théâtrale permanente, la mise en place
d’une école d’art dramatique – le groupe
Firmin Gémier – et l’organisation en 1961
« d’un festival qui dura quatre ans avec
un public passant de 1 500 à 6 000 spectateurs
dans le gymnase Guy Môquet prêté
par les sportifs
 », se souvient Jack Ralite.

En prise directe sur l’époque

Où seront ses murs ? Dans une aile de la
salle des fêtes, rue Edouard Poisson, où
« la municipalité a investi 4 millions
de francs, dont 2,5 pour l’aménagement
de la salle. Quant à l’Etat, il “prête gracieusement", pour reprendre l’expression
consacrée, 40 projecteurs, 2 machines à
coudre et 1 fer à repasser
 », écrit Micheline
B. Servin [1].
Hourrah, le Théâtre de la Commune
ouvre le 25 janvier 1965 – obtient le
statut de Centre dramatique national en
1971 – sous la direction du metteur en
scène Gabriel Garran jusqu’en 1985 :
« Nous avons le souci d’être un lieu de création
d’oeuvres inédites en prise directe sur
notre époque. […] Nous avons opté pour
un théâtre qui soit témoin de son temps
et ait valeur de documentaire sur notre
monde.
Que ce témoignage soit critique,
document, polémique ou miroir déformant
du réel, c’est cette idée dramatique qui
détermine le choix de mes spectacles.
 »
Dans la foulée, Alfredo Arias (1985-1991),
Brigitte Jaques et François Regnault (1991-
1997), Didier Bezace (1997-2013) et, depuis
2014, Marie-José Malis se sont succédé aux
commandes.

Des visions, des choix qui auront permis
au public de se confronter à Arthur
Miller, Bertolt Brecht, William Shakespeare, Luigi Pirandello, Anton Tchekhov,
Molière, Marivaux, Copi, Corneille, Tony
Kushner, Dario Fo, Antonio Tabucchi,
Georges Feydeau, Marguerite Duras,
Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre, Hubert
Mingarelli, Friedrich Hölderlin,
Alexandra Badea entre autres… On a été
bien servi et on a plutôt bien mangé, n’estce
pas André Gide ?

Une expo, deux spectacles, une soirée anniversaire et un conseil municipal extraordinaire

Du TCA à La Commune, la Ville a célébré
ce demi-siècle sur une semaine, du
23 au 29 novembre.
Cela avec
une exposition historique et thématique
dans le hall du théâtre : voilà pour recenser
tout le répertoire et les metteurs en
scène qui sont venus ici, depuis 1961, révéler
les intentions et objectifs que se sont
fixés les différentes directions.
Dans ce
tempo, deux spectacles – Le Petit Z,
d’après Gilles Deleuze et Mémoire chantée,
mis en scène par Gabriel Garran – étaient
à l’affiche.
Un film de 52 minutes qui
retrace l’histoire du TCA aura été projeté juste
après une intervention de Jack Ralite ce
samedi 28 novembre, journée phare de ce
cinquantenaire : l’occasion de goûter aux
lectures de poèmes de Garran, d’entendre
Marie-José Malis qui rendait compte du
colloque qui réunissait, en parallèle, les
directeurs de CDN autour de la question :
« Comment hérite-t-on d’un CDN aujourd’hui
?
 »

Et pour finir ? L’organisation d’un Conseil municipal extraordinaire dédié au TCA, "Théâtre de la Commune, patrimoine vivant d’Aubervilliers", le lundi 7 décembre à 19 h en mairie.

Eric Guignet
Le 4 novembre 2015


Conseil municipal extraordinaire dédié au TCA

"Théâtre de la Commune, patrimoine vivant d’Aubervilliers"

Lundi 7 décembre à 19 h en mairie

Séance publique

[1Une aventure… le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers,
Micheline B. Servin, Encre Éditions, 1980