Education civique, nouvelle formule ?
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Disséquer une grenouille, à l’école, on
sait faire. Décrire l’infiniment petit,
calculer la vitesse d’une pomme qui
tombe, aussi... Mais qu’en est-il des phénomènes,
non pas physiques, mais culturels
et sociaux ? « Les enseignements de
sociologie et d’anthropologie ont été quasi
évacués au collège et au lycée », déplore
Catherine Robert, professeur de philosophie
au lycée Le Corbusier.
Convaincue qu’il faut les intégrer d’urgence dans les programmes,
elle organise avec d’autres enseignants
et une trentaine d’élèves un grand
colloque public, L’anthropologie pour tous,
le 6 juin au théâtre La Commune.
Ce colloque militant sera animé par les
meilleurs spécialistes français en Sciences
sociales. André Charrak, Philippe Descol,
Maurice Godelier, Jean-Loïc Le Quellec, Bernard Sergent, Bernard Lahire… « ils ont tous immédiatement répondu oui ! » s’enthousiasme
Catherine Robert.
Ils diront
pourquoi, selon eux, étudier les phénomènes
de représentations, croyances, identités,
relations sociales, est fondamental dès
l’école. Pour Bernard Lahire, « ce que les
hommes ont réussi vis-à-vis de la nature
avec force et efficacité, ils n’ont pas su complètement
le rééditer concernant le monde
social ».
En clair, nous avons acquis un regard
rationnel sur la météo, la lumière, l’univers…
mais nous restons le nez dans le guidon
au sujet des mécanismes sociaux dans
lesquels nous baignons !
Apprendre à décrypter cette part immatérielle
de notre réalité serait encore plus nécessaire
depuis les attentats de janvier.
Encore
plus, l’école est chargée de transmettre les valeurs républicaines.
L’anthropologie,
étude de l’être humain, forme d’éducation
civique ? « Oui, mais non dogmatique !
Nos élèves ont de multiples origines, largement
au-delà des trois religions monothéistes,
avec des cultures chinoises, indiennes,
africaines ou athées. Parler de cette
diversité participe d’un sentiment de fraternité
et d’égalité. La connaissance de l’autre
supprime la crainte de l’autre ! » martèle
Catherine Robert.
Une proposition forte face aux fractures de la société
La prof de philo avait cosigné, dès le 13 janvier,
une tribune choc dans Le Monde, pointant
un sentiment de responsabilité de la situation,
en tant que « fonctionnaires, (…)
professeurs, (…) citoyens français (...), nous
qui avons laissé l’individu l’emporter sur le
collectif (…) ».
Aujourd’hui, avec les lycéens
du projet Thélème – deux heures par semaine,
hors programme, consacrées à des
sujets transversaux –, s’est construit ce colloque
ouvert et accessible à tous, ponctué de
performances « surprise » des élèves.
Une
proposition commune, forte, face aux fractures
qui lézardent notre société.
Naï Asmar
Le 6 Mai 2015
L’anthropologie pour tous
Samedi 6 juin, de 9 h 30 à 18 h
Théâtre La Commune
2 rue Edouard Poisson
Gratuit
Réservations au 01.48.33.16.16
Site internet