Quel avenir pour La Roseraie ?
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C’est grave, docteur ? Le 10 janvier, le
groupe italien Villa Maria, à la tête
de l’Hôpital européen de Paris-La
Roseraie depuis dix ans, l’a déclaré en cessation
de paiement.
Il a été placé en redressement
et un administrateur judiciaire a été
désigné.
De quoi créer l’inquiétude au sujet
de cet établissement de 270 lits qui emploie
458 personnes, enregistre 17 000 hospitalisations,
1 300 accouchements, 37 000 visites
aux urgences par an !
Le 30 janvier, le Conseil municipal le jugeait
« incontournable pour la ville et pour la
Seine-Saint-Denis » et refusait de « se résoudre
à voir disparaître un équipement
de ce niveau et d’une telle importance ».
L’établissement a vocation à poursuivre son activité sur la ville
Côté direction, on temporise. Pour la première
fois, le résultat d’exploitation a été positif
l’année dernière.
« L’établissement fonctionne
à plein et a vocation à poursuivre son
activité sur la ville. Condamnés en novembre,
en appel dans un litige prud’homal,
nous avons été intimés à payer immédiatement
trois millions d’euros.
D’où la cessation
de paiement », explique Philippe Attia,
qui dirige La Roseraie.
Dès lors, un fonds de garantie a réglé la
somme due. Pour le rembourser, l’hôpital
sollicite une aide financière publique. D’autant
plus qu’il souhaite concrétiser un projet
immobilier « prioritaire et incontournable ».
A savoir, le regroupement des services, aujourd’hui
répartis dans cinq bâtiments, dans
une construction unique nouvelle, modernisée,
sur le même site. Coût de l’opération :
80 millions d’euros.
Le permis de construire
est délivré depuis 18 mois, mais « pour ce
projet, il est indispensable que l’autorité de
tutelle nous soutienne financièrement,
comme elle a soutenu les hôpitaux publics,
d’autant que l’établissement participe à une
réelle mission de service public
», plaide la direction.
Pour la municipalité, la priorité
est de conserver cette offre
de soins de proximité (6 % des
hospitalisations du département,
71 % des patients domiciliés
à Aubervilliers) et de
préserver l’emploi. Le 13 février,
Evelyne Yonnet, première
adjointe, accompagnée
de la députée Elisabeth Guigou,
étaient reçues par Marisol
Touraine, ministre de la
Santé, en présence de Claude
Evin, directeur général de
l’Agence régionale de santé
(ARS).
« L’Etat ne peut financer
cet hôpital privé,
comme il le fait avec le public.
Des formes d’aides sont néanmoins
possibles. Comme
une garantie d’emprunt, un
prêt à taux préférentiel… estime Jacques
Salvator. Nous mettons absolument tout en
oeuvre pour mobiliser les acteurs ».
Opéré il y a quelques semaines à La Roseraie,
le maire met en avant « une qualité des soins
médicaux, chirurgicaux et de l’hôtellerie qui
vaut celle des hôpitaux publics de Paris ».
De son côté, l’administrateur judiciaire rendra
à l’été ses premiers diagnostics… et prescriptions.
Naï Asmar
Le 5 mars 2014