La ville au Trésor
Contenu
Ah fortunes promises, quêtes éperdues
et expéditions ubuesques !
Point de longitude ou latitude pour
situer l’Eldorado, mais un bon vieux code
postal : 93300 !
Le trésor était donc là,
sous nos yeux, ou plutôt sous nos oreilles,
et ce sont les Souffleurs commandos poétiques
d’Aubervilliers qui nous ont mis
sur la piste : « Faire d’Aubervilliers un
exemple, un pôle d’attraction poétique
majeur où la littérature du monde entier
et dans toutes ses langues pavoisera les
rues, les institutions, les appartements, les
vitrines des commerçants, faire des habitants
de cette ville des porteurs de langues,
leur rendre une fierté poétique car la plupart des communautés linguistiques portent
leurs propres poètes dans l’intimité
et jamais au-dehors », ont-ils posé en intention.
Laquelle ? Collecter « l’intimité
poétique des Albertivillariens », celle-là
même qui sera restituée le 14 septembre
prochain à l’occasion des Journées européennes
du Patrimoine.
De bouche à oreille
Gilles Deleuze en boussole – « L’humanité
se reproduit de bouche à oreille » – en
avant toute et ainsi naquit ce fabuleux projet
de constituer le Grand dépôt d’Aubervilliers
Premier trésor poétique municipal
mondial, délibération
votée le 20 octobre 2011
lors du Conseil municipal
extraordinaire en présence
de Stéphane Hessel.
Depuis, les Souffleurs
ont gentiment écumé un
océan linguistique de 93
idiomes, « un travail de
fourmi, d’ethnopoésie que
nous avons mené avec les
Archives municipales, une
entreprise quasi scientifique
: date, heure de dépôt,
tout est consigné.
Lorsque que nous avons
été face à des gens dans
l’impossibilité d’écrire,
nous les avons enregistrés
», relate Olivier Comte,
amiral des Souffleurs.
Avec méthode et tact, nos collecteurs ont
ainsi recueilli 68 contributions en 27 langues,
soit une vendange abondante arrivée
à terme en juillet et destinée à alimenter
le livre du grand Dépôt, le Trésor, qui
contiendra ces paroles poétiques dormantes
: français, créole, arabe (Tchad-
Egypte), bengali, allemand, mandarin,
kabyle, espagnol, yoruba, tamoul, azeri…
tout un monde de langues vives et vivantes,
de textes transcrits en français et en continu
dans le grand livre.
Au-delà du 14 septembre, premier dépôt
officiel au Trésor poétique d’Aubervilliers
auquel les Souffleurs et le service des
Archives de la Ville d’Aubervilliers invitent
à assister, ses organisateurs entendent
bien faire coutume de ces versements au
Trésor… sans qu’il en coutât ! « On voudrait
faire comprendre à la population
qu’elle peut verser ce qu’elle veut dès lors
que le dépôt, elle le considère comme poétique,
complète Olivier Comte. Cette
matière, on la fera danser dans la ville,
dans les conseils municipaux.
Le grand
livre n’est pas destiné à s’empoussiérer. »
La chasse au Trésor ? Non, la masse au
Trésor…
Eric Guignet
Le 3 septembre 2013
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
Premier Trésor poétique municipal mondial
Samedi 14 septembre, de 10 h à 13 h
Les Souffleurs
2 rue Chapon.
lafolletentative.blogspot.fr