Les orphelins de 16 heures
2008-2009 :
Xavier Darcos annonce à grand bruit que l’Education Nationale va s’occuper de ceux qu’il appelle « les orphelins de 16 heures » : ces enfants pour lesquels les familles n’ont pas les moyens de les inscrire dans les centre de loisirs ou maisons de l’enfance vont pouvoir bénéficier gratuitement d’aide aux devoirs, d’activités à dominante artistique, culturelle ou sportive et ne plus traîner dans la rue.
Ce dispositif sera dans un premier temps réservé aux zones d’éducation prioritaire et zones sensibles puis devra être élargi l’année suivante à tout le territoire.
Les enseignants seront payés en heures supplémentaires défiscalisée et des intervenants extérieurs pourront être embauchés par l’Education Nationale.
A Aubervilliers, après la période difficile d’appropriation du dispositif, les écoles s’impliquent fortement et nous assistions à une montée en puissance des activités proposées aux enfants.
Toute la ville est concernée à tel point que les études surveillées payantes sont suspendues globalement mais persistent à titre anecdotique dans deux écoles.
2009-2010 :
Bien qu’un un bilan très positif, que nous n’avons jamais hésité à souligner, soit reconnu par les communes qui ont expérimenté l’accompagnement éducatif, le dispositif n’est pas élargi comme prévu au territoire national.
Malgré tout, les enveloppes budgétaires sont suffisantes pour continuer à fonctionner dans les ZEP ou zones sensibles.
Au cours d’une réunion des maires-adjoints à l’enseignement du département à l’invitation du préfet Nasser Medah et de l’inspecteur d’académie M. Auverlot, l’assurance est donnée que le financement de ce dispositif est garanti jusqu’à au moins 2012.
Les bilans fournis par les directions d’école tout au long de l’année sont extrêmement positifs.
Nombre d’intervenants ont été embauché et les élèves ont de plus en plus de choix : bridge scolaire, échecs, allemand, musique, danse, etc.
Les parents sont ravis et nos élèves défavorisés peuvent enfin s’ouvrir sur le monde et découvrir de nouveaux horizons.
Le regard sur l’école change et les relations parents-enseignants-enfants s’en trouvent facilitées.
Rentrée 2010 :
Nous apprenons par les Inspectrices de circonscription que ce dispositif subit une amputation budgétaire importante et permettra d’accueillir beaucoup moins de groupes.
Par exemple, une école qui pouvait proposer des activités pour quatorze groupes d’élèves ne pourra plus en assurer que deux ou trois.
Dans une autre école de la ville, ce sont deux tiers des activités qui sont supprimées.
Pour le nouveau groupe scolaire, il n’est prévu aucune heure d’accompagnement éducatif.
La municipalité qui n’a absolument pas été prévenue en amont doit en urgence remettre en place le dispositif des études surveillées payantes pour répondre aux besoins des enfants dont les parents travaillent.
Cela entraîne des incidences budgétaires non négligeables : plusieurs dizaines de milliers d’euros, somme non prévue au budget.
L’état manque à sa parole et trompe nos concitoyens. Un dispositif qui était reconnu comme étant très positif est abandonné, l’expérience ayant à peine commencé.
Pourtant n’étions-nous pas dans des mesures de prévention que tout le monde s’accordait à trouver vraiment efficaces ?
Ne plus laisser ces enfants dans la rue ou seuls devant leur console ou TV mais au contraire faire appel à leur curiosité, leur intelligence, développer leurs envies et leur potentiel.
De plus, quel mépris pour nos collectivités. Ne sommes-nous pas des partenaires à part entière de l’Education Nationale ?
Bien évidemment, ces mesures avaient un coût. Mais ce sont des économies à courte vue.
A t-on mesurer le gâchis que représente cette décision ?
Comme l’a reconnu la secrétaire d’état à la ville, Fadela Amara, suite à une interpellation de notre député Daniel Goldberg lors de la commission des affaires économiques du 8 septembre dernier à l’assemblée Nationale :
« Une politique de la ville doit être pérenne et durablement financée »… « La dynamique est réelle et c’est pourquoi je me bats au sein du gouvernement pour convaincre l’éducation nationale de ne pas se désengager des territoires prioritaires, ce qui ruinerait nos efforts. »
Nous demandons donc le rétablissement de cet accompagnement éducatif, dans les écoles et collèges de la ville, à la hauteur de ce qu’il était l’an dernier.