Mon bahut dans un fauteuil
L’art ne reproduit pas le visible. Il rend
visible. »Figure imposée des dissertes
de philo, cette phrase de Paul Klee
illustre avec pertinence le bien beau carton
d’invitation réalisé par Liang Xu, élève de
1re à d’Alembert…
En effet, le bahut fait
son salon d’Automne et – en partenariat
avec le Fonds régional d’Art contemporain
d’Ile-de-France (FRAC) – organise dans ses
lieux Vis-à-vis, exposition d’art contemporain
à l’usage des profanes, des esthètes et des
curieux.
Vis-à-vis ? Le terme désigne un petit siège
de salon à deux places, celles-là disposées
de telle sorte que les personnes assises se
regardent : voilà pour renvoyer « au principe
du face-à-face, du dialogue, voire de
la confrontation des oeuvres, peintures,
sculptures, photographies qui seront présentées
et qui se déclineront autour du
thème de l’assise », écrit Françoise Uri, la
documentaliste de la maison.
Franchement, ils sont vernis les lycéens –
profanes, esthètes mais que l’on espère surtout
curieux – d’avoir comme ça une fenêtre,
une salle polyvalente sublimée pour la
circonstance entre les 1er et 10 décembre,
temps de cet heureux happening.
Soit une dizaine de jours pour permettre
aux jeunes gens de se confronter et d’avoir
accès aux oeuvres contemporaines rassemblées
dans leur établissement.
« L’art, notamment
pour nos élèves des métiers de la
mode, est une composante fondamentale.
De plus, dans le cursus des filières tertiaires,
il y a un enseignement d’arts appliqués.
On
est en plein dans le sujet, in vivo ! », se réjouit
Jean-Pol Bertrand, le proviseur.
Et puisque dans le lycée professionnel on
prend le Vis-à-vis au pied de la lettre, les
petits des écoles alentour ainsi que les seniors
de Constance Mazier seront également
conviés à visiter l’expo. Soit à s’imaginer
bien assis dans le surprenant Fauteuil
couteau suisse (2001) de Fabrice Hyber,
ou encore à se projeter dans l’univers créatif
d’Anne Jacobsen via un très beau tirage
argentique de 1956…
De l’art au commerce, il est un pas qu’on
ne franchirait pas s’il n’était question ici
d’équilibre... De fait, l’équipe pédagogique
du lycée implique plusieurs classes de tertiaire
et de mode pour la journée du 18 décembre,
celle-là consacrée au commerce
équitable.
L’initiative s’inscrit dans une démarche
de projet, façon de mettre du lien
entre des enseignements qui sont parfois
juxtaposés et de proposer une vraie réflexion
sur les interactions commerce/environnement
: du théâtre, des stands, de la danse
et un défilé de mode – équitable – pour
sensibiliser tout le bahut sur la question…
Eric Guignet
Le 4 décembre 2009