No Country for Old Men
MAIS QU’EST-CE QUI A BIEN PU SE PASSER DANS LA TÊTE DES JURÉS DE
CANNES pour n’attribuer aucune récompense au dernier film des frères
Coen ?
Traumatisme, amnésie ? Surprenante indifférence ! Et pourtant, les
spectateurs n’ont pas tari d’éloges, ni de superlatifs à l’issue des projections
de ce simili western aux accents de polar baroque, adapté du roman émonyme
de Cormack McCarthy :
L’histoire se passe au début des années 80 à la frontière du Texas et du
Mexique, à l’époque où les trafiquants de drogue ont depuis longtemps
remplacé les voleurs de bétail…
Lorsque Moss, un ancien du Vietnam, découvre une camionnette abandonnée
entourée de cadavres ensanglantés, il ne sait rien de l’origine de ce
drame.
Mais quand il prend la valise, bourrée de milliers de dollars, qu’il a
découverte dans le véhicule, il déclenche une réaction en chaîne d’une violence
inouïe que Bell, un shériff vieillissant et sans illusions, tentera de
contenir…
Ainsi commence cette formidable et hallucinante chasse à l’homme
orchestrée par un psychopate littéralement « increvable », interprété par un
inquiétant Javier Bardem à l’étrange gueule d’ange exterminateur…
Les surdoués frères Coen signent le meilleur de leurs thrillers avec cette
course poursuite haletante, véritable descente aux enfers.
Une comédie noire à l’humour noir et à la violence très calculée, frisant
parfois le film d’horreur, qui rappelle, mais dépasse aussi, leur premier opus
Blood Simple ou encore Fargo avec ces grandes étendues désertiques où il
est bien difficile de trouver des planques.
Après tout, nos jurés de Cannes en ont, peut-être, tout simplement
voulu aux Coen de ne faire que du Coen (excusez de peu !), oubliant que
leur mise en scène est objectivement encore plus brillante et maîtrisée que
précédemment (n’excluant ni ironie, ni malice), admirablement servie par
une distribution « canon ».
Emotion garantie.
Christian Richard
Le 6 février 2008