Le mariage de Tuya
AU COEUR DE LA MONGOLIE CHINOISE, Tuya se bat pour faire vivre ses
enfants et son mari paralysé par un accident de travail.
Afin de résoudre ses
problèmes financiers, le couple se décide à divorcer. Tuya devra trouver un
nouveau mari, à la seule condition que celui-ci accepte de supporter sa famille,
y compris son premier époux. Le défilé des prétendants commence alors...
C’est sur un ton de comédie (quasi néo-réaliste) que le réalisateur chinois
(d’origine mongole) nous conte cette histoire quelque peu rocambolesque,
dont le sujet principal évoque fondamentalement rien moins que celui du
statut de la femme dans le pays le plus peuplé de la planète.
Une fiction peu ordinaire, écrite par le scénariste de Zang Yi Mou et de
Chen Kai Ge, qui frise en permanence le style documentaire, avec paysages,
hommes et bêtes du cru.
Si le rôle de Tuya est tenu remarquablement par la ravissante actrice professionnelle
Yu Nan, tous les autres acteurs (excellents aussi) sont des amateurs
repérés sur place.
La charme quasi-bucolique qui se dégage des images d’une nature âpre et
hostile, n’est pas sans rappeler celui de L’histoire du chameau qui pleure ou le
Chien jaune de Mongolie de Byambbasuren Davaa, originaire, elle, de Mongolie
« extérieure. »
L’autre intérêt majeur de cette oeuvre réside dans le démontage du lent,
mais inéluctable mécanisme de mutation d’un peuple dont les modes de vie
sont en train d’être bouleversés jusqu’à sa lente disparition « programmée ».
La Mongolie intérieure (chinoise) est un vaste territoire (12 % de la Chine),
grand comme la France et l’Espagne, riche de 49 minorités, dont les Mongols
constituent la plus grande ethnie, vivant en nomadisme avec troupeaux et
familles sur des terres arides.
Mais aujourd’hui, la présence de richesses minières
en tout genre pousse les « autorités » à l’exploitation systématique de la région,
mettant à mal la ruralité ancestrale d’un peuple contraint inéluctablement à la
sédentarisation, à plus ou moins long terme, déjà prisonnier d’un urbanisme
aberrant, guidé par le capitalisme de plus en plus galopant !
Christian Richard
Le 4 octobre 2007
Ours d’Or. Berlin 2007