1936 en chansons
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Qui a dit que les anniversaires se célébraient seulement autour de chiffres ronds ?
Soixante et onze ans après l’épopée du Front populaire, sa mémoire est fêtée au Théâtre de la Commune qui accueillera les 9 et 10 février Les chemins de la belle saison.
Ce spectacle musical sur 1936, évoque par les chants, les images et la musique, l’envol du mouvement ouvrier dont la mémoire collective a retenu les grèves joyeuses, les congés payés, l’élan de solidarité.
On doit à Mireille Rivat, chanteuse et comédienne, à ses complices
Claude Quémy et Jean-Christophe Ronfort, Philippe Servain, cette création originale et forte. « Les chemins de la belle saison ne raconte pas 1936 mais recrée un univers poétique autour de cette période », rappelle l’artiste.
Un savant dosage des genres
Le spectacle, achevé au printemps 2006, a déjà séduit les publics de Montreuil et de l’Ile-Saint-Denis.
Cette réussite s’explique en particulier par un savant dosage des genres. Sur scène, les images tirées des archives
de la CGT projetées sur un voile en tulle, le choix des chants interprétés, la présence de plusieurs chœurs, la voix de Mireille Rivat donnent au spectacle un souffle parfois épique, suscitant élan et chair de poule.
A lui seul, l’attelage artistique vaut le détour.
Le projet, conduit par des professionnels, repose sur l’investissement majeur de plusieurs chorales amateurs.
C’était le choix de Mireille Rivat, désireuse de renouer avec un mélange des pratiques qui s’est perdu aujourd’hui.
Se retrouvent ainsi embarquée dans l’aventure artistique, une soixantaine de choristes des chorales de Montreuil, de l’Ile-Saint-Denis, de Clichy-sous-Bois, du Comité d’entreprise de la RATP, le quartet vocal « Double two ».
A ces groupes vocaux s’ajoutent la Clé des chants de l’association des Seniors d’Aubervilliers, et Auber Babel.
Jean-Christophe Ronfort, le directeur artistique, a mis toutes ces voix à l’unisson dans l’interprétation de grands classiques de la chanson
des années 30, et aussi des morceaux moins connus.
Danièle fait partie de la dizaine de choristes de la Clé des chants engagés dans le projet.
« D’habitude, nous jouons dans les maisons de retraite ou lors du Téléthon.
C’est la première fois que nous participons à un projet encadré par des professionnels », confie-t-elle enthousiaste.
Ils ont appris une douzaine de chansons, que les chorales entonnent en chœur sur scène ou en accompagnement solo de Mireille Rivat.
Aux célébrissimes et enjouées Petit chemin qui sent la noisette et Y’a d’la joie se mêlent des chants plus graves comme Compagnon des mauvais jours (Prévert), Sur le Front des travailleurs (Brecht), Il m’arrive parfois d’Espagne (Aragon).
Clin d’œil savoureux, c’est à la salle du foyer protestant qu’ont été répétés ces chants militants largement teintés de rouge.
Michel Fagard, président de l’association Auber Babel, ne boude pas, lui non plus, son plaisir.
« Une dizaine d’entre nous chantons des textes en espagnol, en allemand, en italien, précise-t-il.
Les 9 et 10 février seront deux moments particulièrement importants pour nos choristes car ils se produiront pour la première sur une scène de notre ville ».
Et le trac qui va avec ? « Pas vraiment, car dans une chorale on n’est jamais seul ».
Frédéric Lombard
Le 8 janvier 2007