Archives de la Ville d’Aubervilliers

Du rififi sur les ondes

publié le 11 décembre 2006

Mauricette est inquiète. « 
Qui nous dit que les
antennes installées sur le
toit de la barre Albinet par SFR et
Bouygues ne sont pas nocives pour
notre santé ? »
La salle se fait attentive.
Face à elle, les élus du Conseil de
quartier Landy opinent du chef. Inoffensives
ou dangereuses les antennesrelais
? Il n’y pas qu’à Aubervilliers
qu’on se pose la question...

Des associations de riverains inquiets

A Saint-Denis, quelques jours auparavant,
une réunion publique entièrement
consacrée au sujet a eu lieu.
Organisée par Plaine Commune à la
demande des écologistes locaux et de
plusieurs associations de riverains
inquiets, cette rencontre se voulait un
débat contradictoire... « 
Sauf que les
opérateurs de téléphonie mobile
se sont désistés ! », regrette Michel
Bourgain, le vice-président de Plaine
Commune chargé de l’Environnement.

A la tribune, en revanche, ceux qui
mettent en accusation les antennesrelais
étaient bien là.
Et de Michèle
Rivasi, la présidente du Criirem
(Centre de recherche et d’information
indépendantes sur les rayonnements
électromagnétiques), à Jeannine Le
Calvez, responsable de la Priatem
(Pour une réglementation des implantations
d’antennes-relais de téléphonie
mobile), les propos tenus avaient
effectivement de quoi troubler l’assistance.

Quelle est la situation ?

En quelques années, plus de 30 000 antennes-
relais ont été installées par
Orange, Bouygues et SFR pour faire
face au boom du téléphone portable
et développer la couverture de leurs
réseaux respectifs.
Copropriétés,
patrimoine HLM, immeubles de
bureaux, bâtiments publics, les
longues tiges métalliques ont poussé
un peu partout sur les toits de l’Hexagone.
Un décret gouvernemental
avait fixé, en 2002, le maximum
autorisé de rayonnements électromagnétiques
des antennes à une soixantaine
de volts par mètre.

A l’époque, une étude confiée par
les pouvoirs publics à l’Agence française
de sécurité sanitaire et de l’environnement
(Afsset) avait conclu à
l’innocuité de ces émissions.

Les interrogations de la communauté scientifique

Oui, mais... Depuis, des doutes
ont été émis y compris par une partie
de la communauté scientifique. Et cet
automne, un rapport explosif de l’Inspection
générale a achevé de semer la
confusion en révélant que l’étude de
l’Afsset avait été faite par des
experts... rémunérés, par ailleurs, par
les opérateurs de téléphonie mobile !
Du coup, de plus en plus d’élus
locaux veulent faire jouer le principe
de précaution.
Six des huit maires de la communauté d’agglomération,
dont Pascal Beaudet pour Aubervilliers,
ont d’ores et déjà adopté un
arrêté pour s’opposer à toute nouvelle
installation à proximité d’un lieu sensible
(les écoles, notamment).
Et Plaine
Commune travaille à une charte
(comme celle rédigée par Paris) pour
essayer de négocier avec les opérateurs
qu’ils abaissent les niveaux d’émissions
de leurs antennes.

La limite à cette mobilisation ?
Rien n’oblige actuellement SFR,
Bouygues et Orange à le faire. Et ce,
tant que l’Etat n’aura pas revu la
réglementation encore en vigueur...

Frédéric Medeiros
Le 11 décembre 2006