Archives de la Ville d’Aubervilliers

Le vent se lève

publié le 4 septembre 2006

Envahie depuis le XIIe siècle par les Anglais, l’Irlande depuis ce temps s’est toujours opposée à la couronne britannique qui, durant des siècles, a tenu en état de servilité son peuple : famines, expulsions, tortures, déportations, éliminations...

Ken Loach considère pour sa part que l’Irlande est la dernière et seule colonie britannique !
Il place son film dans les années 1920, à une période-clé où l’aspiration à l’indépendance ne peut plus être ignorée, même si elle est systématiquement et constamment combattue par le pouvoir britannique, avec violence.
C’est cette fresque, dont il avait rêvé depuis 30 ans, vue de l’intérieur, que Ken Loach a choisi de mettre en scène.
Non pas une reconstitution historique hollywoodienne à gros effets, mais tout comme pour Land and Freedom, à propos de la Guerre d’Espagne, un coup de gueule très engagé qui éclaire l’injustice de la situation avec un groupe restreint de personnages au fin fond des campagnes.

Les deux protagonistes principaux sont deux frères, Teddy et Damien, qui s’opposent quant à la stratégie à mener dans cette guerre civile de libération...
L’un se range du côté des « réalistes » qui acceptent le partage de l’île ; l’autre du côté des « idéalistes » qui veulent l’indépendance totale.

Une œuvre émouvante, sans emphase ni caricature, superbe occasion pour dénoncer fondamentalement toute guerre coloniale et tout impérialisme
(y compris celui de l’Angleterre aujourd’hui !).
A l’heure qu’il est, tout un symbole et un message clair !
Ken Loach louche vers ce qui se passe en Afghanistan, en Irak, en
Palestine...

Cette œuvre universelle (la France aussi a un lourd passé colonial, voir le film Indigènes de Rachid Bouchareb), a été couronnée par la Palme d’or, attribuée à l’unamité - contre toute attente - au dernier Festival de Cannes.
Une autre bonne raison pour courir la découvrir !

Christian Richard