Beur, blanc, rouge
C’est l’histoire de deux mecs, Brahim et Mouloud, deux jeunes français de parents maghrébins qui passent leur temps, entre Barbès et Belleville, à draguer les filles et à fréquenter en lousdé la boulangerie où travaille leur pote breton, Gaby.
Le bouillant Brahim a bien du mal à se situer entre une France qui l’a vu naître et une Algérie source de fantasmes, jusqu’au jour du match France-Algérie en 2001...
Elevé par une famille qui ne jure que par le bled et qui n’a pas tenté de s’intégrer, Brahim ne supporte pas la lourde défaite de l’équipe algérienne et participe à l’invasion de la pelouse du Stade de France, provoquant la fin prématurée du match...
Ecrite et réalisée en 2004, cette comédie coproduite par la France et l’Algérie est avant tout une réflexion sur l’intégration et ses difficultés (voire ses impossibilités cultivées).
Le cadre sportif (le football) dans lequel se déroule cette savoureuse fiction, sur fond de chauvinisme et d’outrance, n’est que le révélateur de situations de crises identitaires plus profondes.
Loin des leçons de bonne morale, le film ne fait aucune concession, à l’instar de Brahim, beur sans aucune vraies racines (ni encore françaises, mais déjà plus du tout algériennes), qui déclare : « J’aime bien l’Algérie, mais vue d’ici ».
Un homme de nulle part, sans travail, sans avenir, qui n’a plus rien à perdre et peut-être tout à gagner !
Petit clin d’œil anticipé à la situation des banlieues en novembre dernier et aux mouvements anti-CPE.
Un film chaleureux et optimiste, sérieux et très drôle, signé par l’auteur de
« Prends 10 000 balles et casse-toi », « De Hollywood à Tamanrasset », « 100 % Arabica »...
Christian Richard
Le 4 mai 2006