Vers la fin de la crise
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L’issue est-elle en vue ? Du côté de la mairie, des vingt-cinq familles concernées, mais aussi des habitants du quartier, on se prend à espérer que le campement de la place Cochennec
ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Une solution semble désormais se profiler.
L’histoire avait commencé en juin. Evacuées d’un bâtiment insalubre
des Prés Clos, dont la démolition allait avoir lieu, les familles qui squattaient l’immeuble s’étaient rabattues sur la placette Cochennec, dressant
là un campement de fortune, en demandant à être relogées.
Pour la municipalité, un cas de conscience se posait.
Le maire, Pascal Beaudet, s’en était ouvert aux Albertivillariens : « Si nous répondons à cet appel, cela voudra dire que les squatters passeront avant les autres demandeurs de logements sociaux de la ville.
Peut-on accepter, dans une situation de pénurie et alors que des gens attendent un appartement depuis des années dans le respect des règles, de donner la priorité à d’autres ? »
Face à la crise du logement
Le fait que la plupart de ces familles n’avaient aucune attache locale avant d’investir le bâtiment condamné des Prés Clos avait également amené le maire a dénoncé les manquements
des pouvoirs publics face à la crise du logement qui frappe l’Ile-de-France.
« L’égoïsme impuni des villes qui continuent à refuser de construire
des logements sociaux sur leur territoire fait peser sur les autres tout le poids d’une situation aux conséquences humaines dramatiques. »
Pascal Beaudet s’était voulu très clair : « Je n’ai aucune colère envers ceux qui, d’errance en errance, en arrivent à squatter pour ne pas rester dans la rue.
Ma colère se retourne contre ceux qui ne font rien, malgré les appels répétés des maires concernés par ces problèmes. »
Tout en se souciant des conditions de vie du campement et en se préoccupant des difficultés que cela provoquait pour les habitants du quartier, la municipalité aura passé l’été à essayer d’obtenir de la préfecture qu’elle s’engage à son côté pour sortir de cette situation.
Et pour une fois - les drames parisiens qui ont touché des mal-logés
y sont peut-être pour quelque chose - les pouvoirs publics ont accepté
de tendre l’oreille... Après d’âpres négociations, un accord est enfin intervenu.
Fin septembre, dans un protocole paraphé par toutes les parties, la
préfecture a accepté de prendre à
sa charge le relogement de onze familles dans différentes communes du département, la Ville s’occupant des cinq qui avaient déjà des attaches à Aubervilliers.
Le FJT : un hébergement transitoire
Concernant les sans-papiers, soit les neuf familles restantes ainsi que dix célibataires, il a été décidé que leur hébergement temporaire serait assuré, mais qu’ils devraient d’abord régulariser leur situation avant de pouvoir prétendre à un HLM.
En attendant que les attributions ne soient effectives, il a été convenu que toutes les familles seraient hébergées de façon transitoire au FJT,
rue Edgar Poisson.
Le protocole signé avec le Foyer des jeunes travailleurs faisant courir la durée de cet accueil collectif jusqu’au 2 janvier.
Après cette date, les familles à qui le logement promis n’aura pas encore été donné ne se retrouveraient pas à la rue pour autant, elles seraient dirigées vers un autre hébergement.
Si le Dal s’est félicité de cet accord, la mairie est sans doute satisfaite d’avoir fait bouger la préfecture sur une question aussi fondamentale que le droit au logement. Mais ce qui domine aujourd’hui, et chez tous, c’est surtout le soulagement...
Et la nécessité d’être vigilant sur l’application concrète de l’accord.
Reste un problème de fond : les expulsions sans retenue, qui ont lieu actuellement à Paris à l’initiative du ministre de l’Intérieur, rejettent vers
la banlieue une population en errance qui grossit de jour en jour.
Frédéric Medeiros
le 6 octobre 2005