L’avenir des réfugiés Roms est toujours en suspens
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Faudra-t-il en appeler à l’ONU ? Depuis des mois, des centaines de réfugiés roumains, pour la plupart tziganes, que l’on nomme les Roms, errent de terrains vagues en usines désaffectées et de villes en villes. Enfin pas toutes. Surtout Aubervilliers,
La Courneuve, Saint-Denis...
Et visiblement, l’Etat n’en a que faire, alors qu’il est de sa responsabilité de gérer les populations en errance sur le territoire français, les communes ne pouvant y faire face seules.
« On compte environ 2 500 réfugiés sur la région, pourquoi Aubervilliers devrait en héberger le quart ? C’est de toute façon impossible, nos partenaires
de Médecins du Monde nous l’ont
assuré : c’est un travail énorme, la Ville n’a pas les moyens de régler le problème », insiste le maire, indiquant que la mairie fait ce qu’elle peut pour améliorer la situation.
L’action de l’Etat se fait attendre
Des conteneurs à ordures ont été disposés près des camps, des enfants ont été scolarisés, des nourrissons sont suivis en PMI, le service Hygiène et Santé s’active, et la Ville propose de mettre provisoirement à disposition le terrain réservé aux gens du voyage.
Mais c’est surtout l’action de l’Etat qui se fait attendre. L’option inhumaine d’évacuer par la force a certes été écartée, mais aucune solution n’est proposée.
Pendant ce temps, au campement improvisé sous le pont SNCF, quai Djibaou, on touche le fond de la misère.
Ici, des familles a priori très respectables vivent avec d’antiques caravanes comme unique confort. Le détail de ce véritable scandale prendrait trois pages. En arrivant, une image suffit pour le résumer : celle d’un tout petit faisant ses besoins à l’écart, au milieu d’un va-et-vient de gros rats, à l’heure où les nôtres déballent leurs cadeaux de Noël.
Dans ce camp, Petreus fait office de meneur, pas tant pour son gabarit qui en impose, plutôt pour sa moralité.
« Moi, je suis très chrétien, alors je ne bois pas et je veux avoir une vie honnête.
C’est pour ça qu’on est obligés de rester ici. Les voleurs, eux, ils dorment à l’hôtel ! » Il indique qu’il doit faire la police pour que justement
les « voleurs » ne viennent pas les racketter ou s’incruster.
Du coup, il subit de lourdes menaces. « Si encore ils nous attaquent avec des couteaux, on peut se défendre, mais pas contre des pistolets. »
Autre souci majeur : ses quatre enfants ne sont pas scolarisés. L’aîné explique : « D’abord, il faut avoir à manger, pouvoir se laver, sinon je peux pas aller à l’école ».
Pour autant, ils n’ont aucun regret : « Si on pouvait vivre en paix et travailler en Roumanie, j’y retournerais. Ici, ce n’est pas une vie pour les enfants : pas d’eau, pas d’électricité, pas de toilettes... C’est très dur. Mais c’est quand même mieux que là-bas », estime Petreus.
Difficile à croire, mais c’est la réalité. Car pour ces grands oubliés de l’histoire que sont les Tziganes, considérés comme le furent les juifs par les nazis et donc exterminés par centaine de milliers, les persécutions continuent.
Notamment en Roumanie, qui vient du bout des lèvres de reconnaître sa responsabilité dans la Shoah. Dès qu’il a pu, Petreus a quitté ce pays qui ne le reconnaît pas, avec l’espoir d’un autre avenir pour ses gosses.
« A l’époque des bidonvilles des années 60, on savait qu’il fallait reloger les gens.
Le problème aujourd’hui est que personne n’imagine que les Roms vont rester en France, c’est un tort », note Pascal Beaudet.
En attendant, des Albertivillariens sont déjà allés offrir vêtements et couvertures à ces familles oubliées sur le quai Djibaou, et ont reçu un accueil chaleureux. N’hésitez pas à laisser parler votre cœur.
Alexis Gau