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Lettres d’Iwo Jima

Le film du mois cinéma Le Studio du 28 mars au 3 avril 2007.

Le film du mois cinéma Le Studio du 28 mars au 3 avril 2007.

A L’AUTOMNE DERNIER, CLINT EASTWOOD NOUS INTERPELLAIT SUR LA
FARAMINEUSE bêtise de la guerre avec la première partie de son diptyque,
consacré à la terrible bataille dans l’île de Iwo Jima en février 1945 entre les
USA et le Japon.

Il y dénonçait avec courage et brio, dans Mémoires de nos pères, le point
de vue américain et son patriotisme à tout crin, sur fond de manipulation
de l’information - y compris le mensonge médiatique envers l’opinion
publique.

Cette fois, le réalisateur nous entraîne du côté des vaincus - chose rare au
cinéma que de s’intéresser aux « losers » ! - du côté de ces Japonais de
toutes conditions que le pouvoir - comme le camp adverse - a aussi matraqué
idéologiquement en jouant sur le patriotisme, l’honneur, le fanatisme.

Bien sûr, Eastwood renvoie dos à dos manipulations et mensonges
qui ont coûté de part et d’autre la mort de 7 000 Américains et de
20 000 Japonais.
Mais la grande force de ce volet nippon prend racine dans des lettres de
soldats japonais - du sans grade au capitaine - retrouvées récemment dans
la terre du site, qui témoignent des conditions de survie insupportables de
ces hommes fatigués, résignés, démotivés, dont l’état-major a subtilement
et habilement repoussé la défaite... inévitable de 40 jours !
Un beau gâchis - comme pour la fin du IIIe Reich - de la prime jeunesse d’une génération
confrontée, contre son gré, à l’horreur et à la mort...
Un sujet d’importance dont les Japonais se sont saisi en masse, mais que
les Américains, pourtant vainqueurs, boudent paradoxalement.
Serait-ce un signe du syndrome de la guerre en Irak aujourd’hui ?

De toute façon, démonstration est faite que, de quelque côté qu’on se
trouve, toute guerre est une abomination fondamentale.
Le film vaut d’être vu, non seulement pour le thème qu’il développe,
mais aussi pour l’efficacité de la mise en scène d’un réalisateur brillant
d’intelligence et d’énergie, âgé bientôt de 77 ans !
Et qui prend encore tous
les risques.

Christian Richard
Le 7 mars 2007

 

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