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Lettre ouverte à Vincent Peillon

Monsieur le Ministre,
C’est avec beaucoup de détermination que la ville d’Aubervilliers a entrepris de mettre en
œuvre dès 2013 la réforme des rythmes scolaires que vous avez engagée.

Monsieur le Ministre,
C’est avec beaucoup de détermination que la ville d’Aubervilliers a entrepris de mettre en
œuvre dès 2013 la réforme des rythmes scolaires que vous avez engagée.

Nous avons voulu
répondre sans attendre au besoin d’offrir aux enfants une organisation de leur temps plus
respectueuse de leurs capacités et de leur rythme physiologique, et la perspective de mettre à
profit le temps libéré pour leur offrir des activités de découverte.

A Aubervilliers, où une partie importante de la population vit dans la précarité, les missions
de l’Education nationale d’intégration sociale et de préparation à la vie active sont, plus
qu’ailleurs peut-être, essentielles aux habitants, comme à leur territoire.
C’est dans des villes
comme la nôtre que se mesure la réussite du modèle républicain, et de son école.

Ainsi, bien conscients que cette réforme n’allait pas résoudre toutes les difficultés de l’école,
elle nous a cependant paru d’une envergure et d’un enjeu suffisant pour que nous relevions ce
défi et engagions, dans un calendrier accéléré, tous les moyens nécessaires à sa mise en œuvre
immédiate.

Nous le savons, le coût de cette organisation sera supérieur à l’aide apportée par l’État, et ce
dès la première année. Mais là encore, l’intérêt pour les enfants, le justifie.
Organiser en quelques mois la prise en charge hebdomadaire de 9300 enfants pendant 6
heures n’est pas une mince affaire, si l’on veut que cet accueil soit de qualité.

Nous avons
mobilisé les services municipaux et le tissu associatif local, et avons mis sur pied les bases
d’un fonctionnement répondant, nous le pensons, aux enjeux de la réforme.
Les personnels
municipaux, intercommunaux (médiathèques), animateurs, agents des écoles, ont accepté les
modifications de l’organisation de leur travail, 96 associations ont répondu à notre appel à
projet, proposant plus de 15 000 séances annuelles d’activités, dans des domaines aussi variés
que le sport, l’enseignement artistique, la découverte ludique de la science ou l’éducation
citoyenne.
Le recrutement d’une centaine d’animateurs ou intervenants sportifs est en cours,
sous le statut d’emploi d’avenir ou sous d’autres modalités.

A la veille des vacances d’été, nous pouvons affirmer que, pour ce qui nous concerne, la mise
en place de la réforme devrait être effective pour la rentrée de septembre.
La grande difficulté à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est que nous n’avons pas
su convaincre une majorité d’enseignants du bien fondé de cette démarche.
Après de
nombreuses réunions d’échange, de négociation, d’explication, nous faisons face à une
contestation permanente qui menace la réussite du projet de plusieurs manières.

Au-delà de la participation souhaitée des enseignants aux actions proposées, il est
indispensable de mobiliser un certain nombre de salles de classes pour accueillir les enfants
sur le temps péri-éducatif. Cela ne peut se faire sans une coordination et une coopération
minimale avec les enseignants et directions d’école, bien entendu dans le respect de leur
mission pédagogique et de ses conditions d’exercice.
En effet, même si l’article 25 de la loi du 22 juillet 1983 (n°83.663) relative à la répartition
des compétences entre les communes et l’État prévoit la possibilité pour les communes
d’utiliser des locaux scolaires, les conditions d’utilisation font souvent l’objet de différences
d’interprétation entre les professionnels et les collectivités locales.
Cette situation nuit, en l’état actuel, à la sérénité nécessaire aux enfants et à leurs parents pour
la rentrée qui s’annonce, et pour l’année scolaire.
L’école doit rester un lieu préservé, et ne
peut devenir le lieu de confrontation de l’équipe pédagogique et de l’équipe péri-éducative qui
seront amenées à en partager le temps et les équipements.

Monsieur le Ministre, intervenant en application d’une loi que vous avez proposée et qui
stipule dans son article 67 (initialement 47) les modalités de financement au titre du fonds
d’amorçage des activités péri-éducatives, nous vous serions reconnaissants d’une expression
claire de l’État concernant cette question. Nous souhaitons, en vous sollicitant, que l’État
joigne son engagement au nôtre, et nous assure le concours des enseignants et personnels
relevant de sa compétence dans la mise en œuvre de la réforme.

Le jeudi 4 juillet s’est tenu à Aubervilliers un conseil municipal extraordinaire, où ont été
exposés et débattus en présence de représentants des enseignants et des parents d’élèves, les
résultats obtenus dans la mise en œuvre des nouveaux rythmes scolaires et les difficultés
rencontrées.
Au cours des débats des questions légitimes ont été soulevé concernant d’autres aspects de la
vie scolaire : le rétablissement des RASED, l’instauration d’un véritable service de santé
scolaire dans nos écoles, la gestion des remplacements...
Je me permets donc au nom de
l’équipe municipale d’évoquer ces difficultés dont la résolution peut largement améliorer le
dialogue avec la communauté éducative, après de nombreuses et utiles rencontres avec la
direction académique.

Nous sollicitons donc votre appui, et la mobilisation des ressources de l’Éducation nationale,
afin que ce projet soit une réussite et que la rentrée 2013 à Aubervilliers démontre l’intérêt et
le bien fondé des nouveaux rythmes scolaires.

Jacques Salvator
Maire d ’Aubervilliers
Vice-Président de Plaine Commune
Le 10 juillet 2013

 

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