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Commémoration du 25 Août 1944



Pour le 66e anniversaire de la Libération de Paris et d’Aubervilliers, la municipalité a inauguré une voie Boris Vildé et une salle Eustaquio Pino en mairie.

Pour le 66e anniversaire de la Libération de Paris et d’Aubervilliers, la municipalité a inauguré une voie Boris Vildé et une salle Eustaquio Pino en mairie.
Lire Allocution du maire Jacques Salvator à l’occasion des cérémonies du 66e anniversaire de la libération d’Aubervilliers (format pdf - 21.3 ko - 26/08/2010)

Du monde et de l’émotion pour cette matinée du souvenir qui s’est déroulée en trois temps, d’abord dans la toute nouvelle résidence Schaeffer puis à l’Hôtel de Ville.
A 10 h 30, le maire Jacques Salvator baptisait du nom de Boris Vildé un des deux mails de la résidence située dans le quartier du Marcreux.
L’autre avait déjà pris le nom d’Yvonne Oddon, le 25 août de l’année dernière.
Boris Vildé comme Yvonne Oddon, faisait partie du réseau de résistance du Musée de l’Homme qui s’était constitué dès les débuts de l’Occupation.
Ethnologue, linguiste et poète, Vildé en était le chef. Le réseau publia un journal clandestin au titre Résistance .
Le mot était utilisé pour la première fois et le tract fut ronéotypé clandestinement à Aubervilliers.


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A l’Hôtel de Ville ensuite, le maire donnait le nom d’Eustaquio Pino à une salle de réunion.
Républicain espagnol réfugié à Aubervilliers dont il épousera l’une des filles et dont il aura sept enfants, Eustaquio Pino fit partie des trente résistants du groupe Henri dit « Papa » qui libérèrent la mairie le 19 août 1944.
Un dévoilement de plaque dans une forte émotion, celle des membres de la famille Pino – Clouin venus nombreux.

A l’issue de la cérémonie officielle de la Libération de Paris et de sa région, Jacques Salvator rendit également hommage à Fernande Collot, sœur de l’ancien maire André Karman, déportée à Ravensbrück et décédée au cœur de l’été.

Grégory Paoli
Le 26 août 2010

La dernière lettre de Boris Vildé avant son exécution le 23 février 1942 au Mont-Valérien

Ma bien aimée, Irène chérie,

Pardonnez-moi de vous avoir trompée : quand je suis redescendu pour vous embrasser encore une fois, je savais déjà que c’était pour aujourd’hui.
Pour dire la vérité je suis fier de mon mensonge : vous avez pu constater que je ne tremblais pas et que je souriais comme d’habitude.
Ainsi j’entre dans la vie en souriant, comme dans une nouvelle aventure, avec quelques regrets mais sans remords ni peur.

A vrai dire, je suis déjà tellement engagé dans le chemin de la mort que le retour à la vie me paraît de toutes façons trop difficile, sinon impossible.
Ma chérie, pensez à moi comme à un vivant et non comme à un mort. Je vous ai donné tout ce que j’ai pu donner.
Je suis sans crainte pour vous : un jour viendra où vous n’aurez plus besoin de moi ni de mes lettres ni de mon souvenir.
Ce jour là vous m’aurez rejoint dans l’éternité, dans le vrai amour. Jusqu’à ce jour ma présence spirituelle (la seule vraie) vous accompagnera partout.
Vous savez combien j’aime vos parents qui sont devenus mes parents.
C’est à travers des Français comme eux que j’ai appris à connaître et à aimer la France, ma France.
Que ma fin soit pour eux un orgueil plutôt qu’un chagrin.

J’aime beaucoup Evelyne et je suis sûr qu’elle saura vivre et travailler pour faire une France nouvelle.
Je pense fraternellement à toute la famille Mahn. Tâchez d’adoucir la nouvelle de ma mort à ma mère et à ma sœur ; j’ai pensé souvent à elles et à mon enfance.
Dites à tous les amis mes remerciements et mon affection.

Il ne faut pas que notre mort soit un prétexte de haine contre l’Allemagne.
J’avais agi pour la France, mais non contre les Allemands. Ils font leur devoir comme nous avons fait le notre. Qu’on rende justice à notre souvenir après la guerre, cela suffit.
D’ailleurs nos camarades du musée de l’Homme ne nous oublierons pas. Ma chérie, j’admire beaucoup votre courage et j’emporte avec moi le souvenir de votre visage souriant.
Tâchez de sourire lorsque vous recevrez cette lettre comme je souris moi-même en l’écrivant (je viens de me regarder dans la glace, j’y ai trouvé mon visage habituel).
Il me vient à l’esprit le quatrain que j’ai composé il y a quatre semaines : Comme toujours impassible Et courageux (inutilement) Je servirai de cible Aux douze fusils allemands.

En vérité je n’ai pas beaucoup de mérite à être courageux. La mort est pour moi la réalisation du Grand Amour, l’entrée dans la vraie Réalité.
Sur la terre vous en représentiez pour moi une autre possibilité. Soyez en fière.
Gardez comme dernier souvenir mon alliance : je l’embrasse avant de l’enlever.
Il est beau de mourir complètement sain et lucide, en possession de toutes ses facultés spirituelles.
Assurément, c’est une fin à ma mesure qui vaut mieux que de tomber à l’improviste sur un champs de bataille ou de partir lentement rongé par une maladie.
Je crois que c’est tout ce que j’avais à dire. D’ailleurs bientôt il est temps. J’ai entrevu quelques-uns de mes camarades. Ils sont bien ; cela me fait plaisir.

Mon amour, zvierik chérie, une immense tendresse monte vers vous du fond de mon âme.
Je vous sens tout près de moi. Je suis entouré de votre amour, de notre amour qui est plus fort que la mort.
Ne regrettons pas le pauvre bonheur, c’est si peu de chose à côté de notre joie.
Comme tout est clair ! L’éternel soleil de l’amour monte de l’abîme de la mort.

Ma bien aimée, je suis prêt. Je vous quitte pour vous retrouver dans l’éternité.
Je bénis la vie qui m’a comblé de ses présents.

 

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